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Infolibéralisme : Théorie du pouvoir

par Sylvain Poirier


L'ordre politique est une structure logique formée sur la base des données suivantes fournies par chaque utilisateur du réseau, et formant des connections logiques entre utilisateurs: déclarations de confiance; "contrats sociaux" ou libres énoncés des principes d'honnêteté; plaintes et débats en ligne tenant lieu de procès; délégations de pouvoirs.
La déclaration de confiance s’énonce "Je garantis que cette personne est honnête, respectant l’intérêt général" et est censée n’être accordée par chacun qu’aux quelques personnes qu’il connaît bien dans sa vie et dont il est sûr. A ces données s’ajoutent celles des déclarations contraires, celles de plaintes. Une déclaration n’a de valeur que relative à la confiance accordée au déclarant, et ainsi de suite intersubjectivement le long des chaînes de confiance (calcul de la confiance indirecte, comme relation transitive engendrée par les déclarations de confiance). Une fausse déclaration risquerait de faire perdre au déclarant la confiance qui lui est accordée, ce qui en anéantirait l’effet.

L'ordre politique, donc,  reposera sur une/des base(s) de données de déclarations de confiance, où chacun déclare en engageant sa responsabilité, qui il estime honnête et respectueux de l'intérêt général, et qui il estime malhonnête contre lequel il porte plainte.
L'ensemble de ces données interagit de façon logique et relative (où l'on cherche à établir non une vérité absolue mais une vérité relative aux croyances de chacun): chacun peut consulter l'information relative à lui-même, suivant la logique:
- Chacun se suppose lui-même honnête
- Si l'un est honnête alors sa déclaration est supposée vraie.
- S'il y a une contradiction elle est soulevée par l'ordinateur et discutée entre les auteurs (notamment par des forums web); logiquement, ceci mènera à ce qu'ils se mettent d'accord, ou que la population se scinde (virtuellement, du point de vue de la confiance) en groupes de gens ayant différentes opinions, ce qui les obligera à chercher des compromis dans la mesure où ils auront encore besoin les uns des autres: si une partie se trouve petite et isolée de l'ensemble, cela l'obligera sans doute à se rendre au verdict de l'ensemble pour demeurer et intégrée au reste du réseau.

La déclaration

L'élément fondamental de la nouvelle société sera la déclaration que chaque adhérent peut librement, à chaque fois qu'il le souhaite, rédiger, signer et envoyer à un ou plusieurs des ordinateurs dédiés à cela, qui enregistrent toutes les déclarations reçues dans une vaste base de données, avec les signatures électroniques de leurs auteurs qui en garantissent l'authenticité. Chacun sera tenu pour responsable de ce qu'il déclare. Cette déclaration peut être modifiée à tout moment, mais en gardant les archives pour le cas où la responsabilité des déclarations passées serait en jeu de par les conséquences qu'elles auraient eues.

Les déclarations sont de 3 types:
- Contrat social (et éventuellement rapport d'activité)
- Estimations sur autrui
- Transmission des pouvoirs

 Estimations sur autrui

Chaque membre du réseau peut faire des déclarations au sujet de gens qu'il connaît (et doit en faire au moins une positive, pour pouvoir transmettre ses pouvoirs comme on verra), dont il choisit librement la liste. A leur sujet, il indiquera s'il les estime ou non honnêtes et leur fait confiance, pour lui-même mais surtout en matière de respect des autres et de l'intérêt général ; et aussi, s'il les estime sérieux et responsables dans leurs activités. Il indiquera également s'il fait confiance (suivant une mention positive, négative ou neutre, la mention neutre signifiant l'absence d'opinion pour éviter tout conflit) aux jugements qu'ils émettent à leur tour sur autrui.  Etant responsable de sa déclaration, s'il n'a pas d'avis clair et sûr à formuler sur quelqu'un et qui puisse intéresser la communauté (être utile à l'intérêt général), il devrait s'abstenir d'en déclarer quelque chose plutôt que de risquer de commettre une faute. Par conséquent, la liste donnée par un membre peut couramment se réduire à celle des deux ou trois personnes dont il est vraiment sûr. Cet avis peut comporter des options standard (multiples nuances et informations complémentaires éventuelles, à l'intérieur d'une liste) exploitables automatiquement par ordinateur, mais aussi des commentaires destinés à des personnes spécialisées ou non qui complèteront humainement le traitement des données (enquêteurs...).

 Le discrédit

On peut s'attendre à ce que n'importe quels deux individus honnêtes d'un tel monde seront reliés entre eux par des chaînes de confiance, c'est-à-dire que l'un déclare confiance à A qui déclare confiance à B qui déclare confiance à C qui (...) qui déclare confiance à l'autre. On dira qu'un individu est discrédité si aucune chaîne de confiance ne va des gens honnêtes jusqu'à lui, mais qu'il existe au moins des individus honnêtes qui le déclarent malhonnête. Tout cela est relatif: personne n'a le pouvoir de décider qui est honnête a priori, mais chacun s'estimant soi-même honnête peut utiliser les ordinateurs pour s'informer des conséquences de cette hypothèse (savoir qui est tenu pour honnête relativement à soi, où mênent les chaînes de confiance partant de soi).
Le discrédit diffère de la ruine (possession de zéro argent) en ce que la ruine est quantitative (signifie qu'il n'a pas été utile à la société, qui ne lui doit rien) tandis que le discrédit est qualitatif (signifie qu'il faut se méfier de lui, il a tendance à vouloir parasiter la société en secret, par ruse ou simplement par absence de considération envers l'intérêt général, même s'il n'a pas réussi à le faire). Ces deux choses ne sont pas systématiquement liées, mais elles sont très voisines et de gravité comparable, l'une pouvant entraîner l'autre suivant les circonstances et inversement.

Comme la ruine, le discrédit est un facteur d'exclusion sociale, de par le fait qu'il se déduit par ordinateur de l'ensemble des déclarations, et que cette information le poursuivra, étant rendue automatiquement disponible à tous ceux qui envisageraient d'entrer en relation avec lui et qui choisissent de la consulter, de la même manière que la vacuité de votre porte-monnaie vous poursuit dans tous les magasins où vous entrez.

Il n'est cependant pas nécessairement absolu ni définitif: un individu discrédité peut faire appel et se faire connaître d'une personne reconnue (non discréditée) en exposant son cas. On peut même envisager de créer un pouvoir de réintégration sociale, aux agents finaux spécialisés dans cette question du dialogue avec les gens discrédités, dans l'espoir de trouver les conditions et les modalités pour réintégrer ces gens à la société; de même qu'il y a des cours d'appel et un pouvoir d'assistance sociale et pour la question de la possibilité de "déclarer faillite" face à une situation de ruine. D'autre part, il est possible d'avoir toujours des relations avec les gens ayant une tendance à la malhonnêteté à condition de ne leur confier que des travaux où ce risque n'a pas l'occasion de se produire (donc finalement on ne les exclut que des rôles sensibles et à responsabilité).

Mécanisme régulateur: plaintes et débats en ligne

A chaque fois que deux individus ont émis des déclarations contraires au sujet d'un troisième, l'ordinateur qui contient toutes les données détectera ce fait. Sauf si l'un des deux est discrédité, cette situation sera déclarée instable, et l'ordinateur mettra en contact (téléphonique ou autre...) les personnes concernées pour discuter de ce désaccord, en espérant qu'il sera résolu. Au besoin, ils pourront faire appel à un spécialiste pour aider à éclaircir le problème.

La suite du scénario se déduit du même mécanisme : si le désaccord persiste, les interlocuteurs peuvent émettre des jugements l'un sur l'autre, l'un d'eux A décidant de déclarer son interlocuteur B de mauvaise foi, ou incompétent dans ses jugements. A entrera alors en conflit avec ceux qui ont fait confiance à B. S'il arrive à les convaincre que B est de mauvaise foi, B sera donc discrédité. Mais si par exemple ils estiment que A a émis ce jugement volontairement à tort, ils entreront donc en conflit avec ceux qui ont fait confiance à A et leur exposeront la situation. S'ils arrivent à les convaincre que A a été de mauvaise foi dans ses jugements, c'est donc A qui sera discrédité. Si des malentendus sont à l'origine des désaccords, a la fin de ces débats ils seront probablement résolus et chacun pourra mettre à jour ses déclarations, qui formeront enfin une situation stable.

Après réflexion, j'en suis venu à l'expression d'une solution effective à la question du déroulement précis des débats à l'aide d'une définition mathématique spéciale des états de conflits plus adaptée (et plus simple) qu'une énumération comme évoquée ci-dessus des plaintes de chacun envers chaque autre qui n'est pas d'accord: voir ici le modèle mathématique proposé (plus précisément l'aspect avec "parties") structure de données sur laquelle sera fondé l'algorithme de déroulement des procès en ligne.

Le contrat social

En guise de législation, chacun déclare librement à quelle définition de l'honnêteté et du respect de l'intérêt général on se réfère, auxquelles on prétend adhérer, et les critères suivant lesquels on effectue les déclarations de confiance. Ceci est humainement interprétable en sorte d'être utile également dans des domaines plus proches des relations personnelles que celui habituel de la législation.

Ces énoncés visent à trouver accord (consensus) avec ceux d'autrui, et en particulier des partenaires acceptés par chacun. (en matière de comportement socio-économique et de déclarations sur autrui, règles de bonne conduite et de respect de l'intérêt de général, ayant vocation à être interprétées humainement et non bêtement à la lettre). Des modèles de contrats sociaux seront diffusés pour guider les gens. Ce contrat, compréhensible par tous, plus simple et moins formel qu'une législation, servira de guide pour la vie de chacun.
Chacun peut signer le contrat social communément accepté, ou bien signer un contrat modifié, au risque d'être discrédité pour ce fait. (On peut donc être jugé et discrédité, soit pour non-respect du contrat social signé, soit pour signature d'un mauvais contrat social).
On peut par exemple envisager, en particulier pour ceux chargés d'un travail d'intérêt général, qu'il y joigne un rapport d'activité (une ou plusieurs fois par an) présentant succintement ses résultats et orientations professionnels (voire autres : études...). L'enjolivation délibérée, si elle est découverte, serait quasi-automatiquement sanctionnée de discrédit (de même pour l'enjolivation publicitaire pratiquée par les entreprises commerciales). Cette déclaration peut éventuellement être assistée par un spécialiste correspondant au domaine d'activité, chargé de pouvoir par d'autres,  avec qui a lieu un entretien. Ce spécialiste ne peut entraver d'aucune manière la liberté du déclarant de déclarer ce qu'il veut, mais il peut y ajouter son approbation ou sa désapprobation commentée.

Autres

Tout acte, tout échange économique, toute opération monétaire (la monnaie étant virtuelle), tout jugement y compris ce qui est effectué au nom de l'intérêt général, est marqué de manière indélébile, même longtemps après les faits, du nom de ses acteurs qui en porteront toujours la responsabilité. Ainsi, un client découvrant la mauvaise qualité d'un produit après l'avoir acheté peut porter plainte efficacement contre le vendeur et obtenir un dédommagement (après débats...) si sa plainte est légitime; les frais de justice sont quasi-nuls grâce à la grande souplesse, simplicité, réactivité et au bon sens de cet ordre social. Ces informations seront au moins accessibles aux personnes chargées de pouvoir de la part des individus concernés; La question de savoir dans quelle mesure les différentes sortes d'informations seront accessibles au public, peut être soumise à débats.

Les pouvoirs

- Les relations de pouvoir (délégations): déclarations de confiance spéciales et thématiques, visant à la mise en relation des "sources" de pouvoir (chaque citoyen) et des "buts", via des chaînes de transmissions des pouvoirs à des agents intermédiaires où chacun choisit librement comment il divise et à qui il délègue les pouvoirs dont il a la charge.

Une liste des principales catégories de pouvoir est donnée plus bas, afin de montrer à quoi cette notion est utile tout en étant totalement compatible avec les principes libertariens (ces "pouvoirs", contrairement à ceux des gouvernements, ne sont que des informations à l'usage libre des individus impliqués et qui n'ont généralement pas besoin de la menace de la force sur des tiers pour se réaliser).

Ainsi, les pouvoirs n'auraient pas partout la forme d'associations bien identifiées et séparées, mais aussi suivant les cas celle d'un vaste réseau à la stucture fractale, à la fois structuré globalement et formé d'une grande variété de petites entités indépendantes, à l'image de l'Internet, mais aussi bien sûr d'associations comme ce qui existe aujourd'hui, offrant à la libre adhésion un choix quasi-illimité.
Loin de vouloir diviser un mythique pouvoir global préexistant donné d'en Haut, il s'agit de le construire par le regroupement de ses éléments fondamentalement dispersés et définis par l'inaliénable liberté de communication donnée à tous. Presque toujours, la nature de ces pouvoirs ne serait que purement informative (apportant des informations et n'en retranchant pas) mais par là même néanmoins efficace et auto-réalisatrice comme reposant sur et affectant les sources de pouvoir, gens ayant effectué leur libre adhésion sur une question donnée (adhésion qu'ils peuvent d'ailleurs retirer à tout moment). Paradoxalement, nous allons voir comment, si les moyens informationnels sont suffisamment bons, ce principe de la libre adhésion dans une telle galaxie de pouvoirs éclatés peut naturellement former à grande échelle non une "loi de la jungle" mais bien une société cohérente, juste et organisée, dans laquelle l'intérêt collectif reçoit la considération qu'il mérite et où ce qu'on considère habituellement comme les maladies intrinsèques du libéralisme nécessitant l'intervention des superstructures de la puissance publique, seront résolus.

Certaines questions habituellement considérées comme du ressort de l'Etat seront privatisées, d'autres seront passées sous contrôle des nouveaux "pouvoirs libéraux".

Aucune considération territoriale ou de nationalité ne saurait limiter règlementairement la liberté d'extension des ramifications du système que nous allons décrire.
Certains points de ce qui suit seront rédigés sous l'hypothèse où le système décrit est majoritaire par rapport au monde global, mais la plupart fonctionnent également dans le cas d'un système minoritaire.

Division et forme des pouvoirs

Les pouvoirs se divisent suivant leur source d'une part, leur but ou spécialité d'autre part. Chaque pouvoir se déploie sous forme d'une chaîne d'individus qui va de sa source vers son but. La source du pouvoir, premier individu de la chaîne, est le citoyen au nom duquel ce pouvoir se déploie. Le dernier individu est l'agent spécialisé qui accomplit l'acte demandé (éventuellement sur un individu-objet). Tout citoyen est a priori source de toutes les sortes de pouvoir (de façon naturelle, comme conséquence inévitable des ses libertés de penser, de communiquer et de faire des échanges économiques), sauf bien sûr ceux auxquels il renonce de son plein gré. Dans chaque chaîne de pouvoir, entre la source et le but se trouvent des agents intermédiaires; par eux passent un plus grand nombre de pouvoirs, ils ont donc une charge de responsabilité plus importante. Chaque individu a le contrôle et la responsabilité du choix de l'agent suivant dans la chaîne de pouvoir.

Il est seulement demandé à chacun, pour être cohérent, de ne transmette ses pouvoirs qu'à des gens qu'il déclare honnêtes. En effet, une transmission de pouvoir est une confiance spéciale (pouvant s'adresser à une ou plusieurs personnes). Les pouvoirs transmis par un individu sont ceux dont il est la source plus ceux éventuels qu'il a reçus (dont il est agent intermédiaire) moins bien sûr ceux dont il accomplit le but.

Pour donner une idée plus précise, le pouvoir se structurera (assez souvent, naturellement et non règlementairement) ainsi:
Les sources et les agents intermédiaires en début de chaînes de pouvoirs transmettent tout leur pouvoir à une (ou deux...) personne(s) qui rassemblent ainsi ces pouvoirs d'un certain nombre de sources, comme les petits ruisseaux font les grandes rivières, suivant une sorte d'organisation pyramidale renversée; les suivants répartissent les différentes catégories de pouvoir dont ils sont chargés sur différentes personnes qui chacune reçoit cette catégorie de pouvoir de plusieurs intermédiaires représentant un plus grand nombre de sources, et fait de même en les répartissant à différentes personnes suivant les sous-catégories de pouvoirs; et ainsi de suite jusqu'à éventuellement diviser l'action finale spécialisée en tâches particulières suivant une organisation pyramidale classique de petite taille. Pour que cela puisse s'arranger ainsi, il sera organisé des réunions entre agents intermédiaires de même niveau ou de niveau voisin. (Par exemple, les agents intermédiaires chargés chacun du pouvoir de quelques centaines de sources se réuniront entre eux au niveau local pour faire connaissance, former des groupes de travail sur certains problèmes et se redistribuer leurs pouvoirs entre eux par catégories ou à d'autres personnes, délégués qui rejoindront périodiquement (chaque semaine...) les réunions des niveaux de pouvoirs suivants de leur catégorie).

Bien sûr, ce schéma n'est pas une loi absolue mais une possibilité qui sera couramment employée; le cas échéant, certains buts particuliers pourront se gérer localement, ne faisant intervenir qu'un petit nombre de gens. Il se peut éventuellement qu'une personne confie un même type de pouvoir à plusieurs individus, qui se partagent alors la responsabilité en question.

La délégation d'un pouvoir n'a de sens que dans la mesure où l'individu estime qu'il n'est pas capable d'accomplir lui-même la tâche qu'il délègue (cette tâche étant souvent en fin de compte celle de choisir le dernier élément des chaînes de pouvoir), soit qu'elle est trop compliquée pour lui, soit qu'il ne veut ou ne peut pas prendre le temps ou la responsabilité de s'en occuper. En particulier la tâche des agents intermédiaires est de chercher de bonnes personnes pour remplir le rôle d'agents suivants afin de leur distribuer le pouvoir. Un seul individu n'est généralement pas capable d'opérer lui-même toutes les divisions, sous-divisions et sous-sous-divisions de son pouvoir qui risquent d'être beaucoup trop nombreuses, c'est pourquoi il charge des intermédiaires de le faire pour lui.
Beaucoup de catégories de pouvoir exigent par leur nature que la source et le but soient distincts.

Liste des principales catégories de pouvoirs

La description ci-dessous n'est pas une classification définitive; elle est susceptible d'être repensée, certaines catégories décrites pouvant en fait plus ou moins se confondre. En fait, chacun est libre de définir comme il l'entend la division de ses pouvoirs.

Pouvoir idéologique ou législatif. Ce pouvoir a pour source tout citoyen ayant des convictions particulières. Les agents intermédiaires et finaux sont des porte-paroles de ces convictions, mieux aptes à argumenter en parole et par des enquêtes de terrain. Le but est une modification du contrat social.

Surveillance générale. La source est tout citoyen, et le but est la surveillance du respect de l'intérêt général à grande échelle (éventuellement mondiale), avec l'accusation de ceux qui ne respectent pas cet intérêt (une telle accusation prend la forme courante de déclaration ci-dessus décrite, déclenchant des débats suivant les mêmes mécanismes). La majeure partie de cette fonction consiste à comparer les déclarations en y cherchant d'éventuels pièges, parfois en posant des questions supplémentaire aux gens et en les visitant.

Pouvoir de dépenses d'utilité publique. La source est le contribuable, et le but est la dépense d'utilité publique. Les agents intermédiaires de ce pouvoir seront l'objet d'une surveillance particulière.

Pouvoir médiatique. La source est le téléspectateur ou le lecteur, et le but est la production ou la sélection d'émissions ou d'articles intéressants. Chaque agent intermédiaire zappe entre les possibles suivants, pour le compte des précédents (tout ça, c'est bien sûr pour le jour où on aura le choix entre des milliers de programmes). L'intérêt de placer le téléspectateur à la source de ce pouvoir est bien sûr de construire un monde médiatique crédible, résistant à la désinformation et à la nullité actuellement imposée d'en haut.

Légitimation du patrimoine. La source est tout citoyen, et le but est tout propriétaire. La relation s'énonce "(la source) reconnaît que (le but) possède légitimement ceci et cela (dont telle somme monétaire)". Pour en donner une idée, le rôle du dernier agent intermédiaire serait en quelque sorte joué actuellement par les notaires.
Le sens de ce pouvoir, c'est que l'argent qu'on possède est l'information de la mesure de ce que la société doit à cet individu. S'il arrive le plus souvent que ce mérite coïncide avec la somme algébrique des mérites reconnus lors d'échanges entre lui et le reste de la société, par chacun de ceux avec qui il a échangé, et de montants tels que déclarés lors de ces échanges, il peut arriver que cela en diffère. Il faut alors introduire une correction, car à la base c'est l'utilité globale envers la société qui doit définir l'argent et non l'inverse.
Ce pouvoir n'est pleinement efficace que si la plus grande partie du monde a adopté le système de pouvoirs ici décrit, porté par les technologies de l'information bien développées. Alors, voici son mode d'action dans le cas le plus simple: Pour lutter contre les abus, (arnaques, corruptions, blanchiment d'argent ou trafic de drogues dures), il n'est pas toujours utile de courir après les accusés. Il suffit aux enquêteurs d'entrer dans le monde virtuel et d'y examiner les opérations monétaires qui s'y trouvent enregistrées, à la recherche de celles en faute. L'identité des traficants une fois ainsi trouvée, il suffit d'annuler la reconnaissance du compte monétaire du traficant, et de porter sur lui le discrédit. Alors, son argent ne faudra plus rien et ne pourra ensuite pas plus acheter quelque chose avec son porte-monnaie électronique dans un magasin que s'il présentait un billet de Monopoly: sa nullité est immédiatement identifiable, le marchand sachant que s'il l'acceptait malgré cela il ne pourrait lui-même rien acheter avec auprès de ceux qui ont chargé les enquêteurs de ce pouvoir, et de même récursivement pour les quelques-uns qui ne les en ont pas chargé et qui envisageraient d'accepter cet argent.

Ainsi, les paiements d''argent sale ne peuvent échapper à cette enquête et cette répression que s'ils se font en nature, ce qui est déjà nettement moins pratique. Ou encore, la mafia peut développer un système monétaire criminel (également virtuel) en parallèle avec le système honnête, permettant de séparer les actes de paiement en nature des actes incrimités mais alors il y aura pratiquement inconvertibilité entre monnaie criminelle et monnaie honnête, toute opération avec la monnaie criminelle étant interdite par les autorités du monde honnête (les transferts de monnaie honnête étant observables et devant avoir un motif). La difficulté étant de définir et d'identifier les actes injustes. (Par exemple on pourrait très facilement et rapidement lutter contre les profits d'abus de monopole en ruinant et discréditant quasi-immédiatement les coupables à l'aide d'un logiciel d'accusation récursive automatique d'un individu et de tous ses défenseurs, annonçant à tous les motifs...)
On peut remarquer que ce pouvoir est voisin du pouvoir budgétaire d'intérêt public, sauf qu'il agit négativement tandis que ce dernier agit positivement.

Pouvoir diplômant. Le but est l'attribution d'un diplôme. Le dernier élément de cette chaîne de pouvoir avant le diplômé est le jury qui attribue le diplôme, et la source est le futur employeur de ce diplômé, qui reconnaîtra la valeur du diplôme. (On remarque en effet le fait incontournable que si un employeur décide de ne pas considérer votre diplôme, vous n'y pouvez rien et votre diplôme sera comme s'il n'existait pas. La valeur des diplômes est donc de toute manière subjective). Un avantage est qu'on peut adresser une plainte au maillon précédent de la chaîne en cas de tentative de corruption (ce qui se produit actuellement dans certains pays).

Pouvoir bancaire (ou financier). La source est l'épargnant, le but est l'investissement. Aujourd'hui, c'est ce qu'on appelle le marché financier. Mais on remarque que chacun des maillons de la chaîne de prêts des épargnants vers les investisseurs suppose un acte de confiance du prêteur à l'emprunteur, à cause duquel cet acte est d'ailleurs usuellement nommé "crédit". C'est pourquoi, ayant naturellement la forme d'un pouvoir tel que nous l'avons décrit, il sera géré par le même réseau, comme une catégorie de pouvoirs parmi les autres. Accorder un crédit n'est en fait pas autre chose que de permettre à l'autre de dépenser au-delà de ce qu'il possède, passant à un compte monétaire négatif dans certaines limites de quantité et de durée, sans qu'il se trouve coincé, et en porter la perte si la pente s'avère impossible à remonter. Les choses étant ainsi définies, si le compte redevient positif au temps convenu, l'acte de remboursement est totalement automatique et se réalise sans que quiconque ne lève le petit doigt. Sinon, le créancier en subit les frais, mais l'emprunteur peut se trouver discrédité en fonction des termes du crédit qui a été convenu, les personnes lui ayant déclaré leur confiance ayant été au courant au départ de la signature de ce contrat.

Un tel changement de mode de traitement du marché bancaire se justifie ainsi: les banques actuelles sont des grandes institutions formant une sorte de cartel imposant une tarification abusive de ses services, et ce changement signifiera la rupture de ce cartel par le passage à la libre concurrence. La dominance de ces institutions résultait de la nécessité d'un grand réseau pour traiter certaines opérations. Mais les fonctions de ce système sont essentiellement de deux sortes. D'une part il y a des opérations totalement automatisables et impersonnelles (n'impliquant pas de prise de responsabilité), elles se trouveront traitées par un système de protocoles et logiciels publics intégrés à l'Internet, ne nécessitant donc aucune institution particulière. D'autre part, les actes de crédit particuliers nécessitant une appréciation et prise de responsabilité humaines, pourront souvent être effectuées à des échelles quasi-artisanales comme des maillons du grand réseau de confiance que nous avons décrit, par des individus qui en général ne seront pas de purs banquiers mais auront des compétences en rapport avec l'activité dont il s'agit de soutenir l'investissement.
Il se peut donc que le pouvoir financier soit plus ou moins superposé avec le pouvoir diplômant.

Avantages:
Pour les épargnants: pouvoir prévenir le risque du style faillite de banques comme il se produit encore dans certains pays, ainsi que créer des recours possibles en cas de dévaluation monétaire qui signifiait la ruine des épargnants remboursés en monnaie de singe, plus généralement fonder un système financier plus honnête; pouvoir choisir des formes de placement "morales", favorables à l'écologie et à l'insertion économique des plus démunis...
Du côté des emprunteurs, on constate la difficulté de prêter aux pauvres qui ne présentent pas les garanties suffisantes. Ceci provient du caractère institutionnel distant qui est celui des banques, qui ne possèdent pas une information suffisante sur la situation et l'honnêteté des demandeurs; enraciner les opérations bancaires dans les relations humaines de proximité au-delà de toute question d'appartenance à une grande firme permet d'ouvrir de nouvelles possibilités de développement économique.
 

Réponses à des questions

Surabondance d'infos, rumeurs ?

Une autre objection à laquelle on pourrait penser est la surabondance d'informations pas toujours justes ou pertinentes, auxquelles il ne serait pas bon de se fier. A cela je répondrais d'abord que ce problème est très vieux. Cela s'appelle les rumeurs et les commérages.
Par ailleurs, le projet devra comporter des systèmes de tri des infos, pour n'afficher que les infos utiles à un endroit donné; face à un problème qui a eu lieu, de deux choses l'une: soit le conflit est réglé, soit il ne l'est pas. S'il n'est pas réglé, il faut le régler. Une fois réglé, il n'y a plus de problème, chacun ayant rempli son devoir. Si des problèmes d'ambiguité des modalités et clauses dans les transactions se posent, risquant de constituer un piège, cela est à inscrire dans le contrat social de la personne, ou le contrat social qu'il affichera comme spécialement associé à la transaction qu'il propose.

Si vous pensez qu'une rumeur n'est pas fiable et qu'il n'est pas bon ou pertinent de se faire une idée préconçue de quelqu'un d'après ce qu'on en dit avant de le connaître directement, rien ne vous oblige à écouter la rumeur ou à en tenir compte. Vous êtes libre. Et de même dans le nouveau système vous serez libre de ne pas consulter l'ordinateur si vous pensez n'en avoir pas besoin.
Les informations qui s'y trouvent n'ont que le pouvoir et la valeur que chacun leur donne.
Mais il est bon, justement pour qu'elles servent à quelque chose, que des règles soient respectées lors des déclarations, responsabilisant ceux qui écrivent et leur demandant suivant quel degré de sûreté ces informations sont mises: entre l'impression, le soupçon, la certitude qu'on est prêt à défendre face aux contradicteurs, etc. Et responsabilité implique devoir de réparation en cas de problème : chacun doit s'efforcer de faire les déclarations les plus exactes possibles pour que les autres puissent trouver bon de lui faire confiance; si nul ne peut porter délibérément préjudice à la société sans que ce préjudice ne retombe sur ses meilleurs amis et les membres de sa famille qui lui ont fait confiance (uniquement dans la mesure où il prétendrait ne pas le réparer lui-même bien sûr), jusqu'à ce que faute d'amis pour garantir pour lui la société ne le reconnaisse plus et cesse toute relation économique avec lui, qui voudra encore s'essayer à la malhonnêteté ?

Et la monnaie ?

la description du systeme de monnaie virtuelle est encore incomplete mais en voici une ebauche (j'ai aussi des idees sur les specification logicielles d'une premiere version fonctionnelle, non encore redigees). Il y aura bien des paiements avec de la monnaie virtuelle (précisément, non pas une monnaie anonyme mais plutôt un équivalent virtuel des chèques, style carte bleue mais NE REPOSANT PAS sur les méthodes de sécurité actuelles des cartes bleues) jouant le même rôle que la monnaie actuelle, à quelques corrections près. Un objectif est notamment de rendre tout vol de monnaie impossible.
En fait, je n'ai pas insisté dessus surtout parce qu'il y aura en pratique plus de ressemblances de principe de comportement que de différences avec la monnaie actuelle; j'ai précisé quelques modifications (comme le pouvoir de reconnaissance du patrimoine par exemple, ce qui inclut les possessions monétaires; il y a d'autres différences plus techniquement économiques que je n'ai pas toutes développées).
Par exemple la notion de discrédit s'ajoutera à la notion de ruine mais ne la chassera pas. Ce sont deux dimensions differentes, pour une information plus complète.

Discriminations

Oui il y aura des discriminations parce que l'information étant meilleure, personne ne sera contraint par l'ignorance à confier leurs affaires à des gens reconnus malhonnêtes par d'autres s'ils ne le souhaitent pas, et nul ne sera empêché par l'ignorance à choisir des partenaires dont ils peuvent être sûrs.
Ni plus ni moins.
Si vous êtes contre ça, ça veut dire que vous refusez le droit des gens à savoir à qui ils ont affaire et vous les obligez à risquer de se faire avoir parce qu'il faut bien qu'il y ait des gens pour se faire voler pour permettre aux voleurs de vivre (ou: locataires mauvais payeurs au nom du droit au logement etc).
Alors ?

Dans le cas d'une société minoritaire, la solution est donc l'évitement (on n'encombre pas le monde extérieur, qu'on ne nous réclame donc rien en échange). Si le nouvel ordre domine, il faut chercher d'autres solutions. D'ici là, on aura donc le temps et beaucoup de monde pour y réfléchir.
Si la discrimination vient du fait qu'il manque des informations sur certaines personnes ce qui amène à ne faire confiance qu'à ceux qui sont mieux connus, on pourra prévoir les moyens de faire connaissance pour améliorer l'information. On pourra également envisager des moyens éducatifs (au sens large) pour donner aux gens une chance de devenir bons pour être acceptés. On pourra aussi rechercher à énumérer les possibles modalités d'inclusion qui ne nécessitent pas la confiance, pour permettre aux personnes non fiables de continuer à vivre d'une certaine manière dans la société. On pourra enfin les inviter à se regrouper pour se débrouiller entre eux.
Mais de toute manière on le sait, les dictatures et autres malheurs du monde viennent du fait qu'on a laissé les gens malhonnêtes avides d'abus de pouvoir accaparer les postes-clé. Comme ils tiennent à ces postes plus que les autres, la seule manière de les en écarter est de faire de la discrimination contre eux en matière d'accès à ces postes. Ou appelez cela comme vous voulez, de toute manière il faut bien mettre en oeuvre des méthodes adaptées.
Peut-être y a-t-il aussi des idées intéressantes dans les textes de Pierre Allard: La liberté des autres - Au voleur !

Instabilité de l'honnêteté

" l'honnêteté qu'est-ce à dire ? C'est une qualité éphémère, aujourd'hui je le suis mais demain ? "

L'honnêteté c'est pas une option. C'est une obligation de tous les instants.
Si à un moment il vous prend l'envie d'être malhonnête et que quelqu'un s'en aperçoit, ça ne passera pas. Vous le paierez, en proportion des chances que vous aviez d'en profiter sans être remarqué, et de la mauvaise volonté que vous avez manifesté à élucider le problème et à réparer le tort.
Quand vous avez payé on vous permet de reprendre vos affaires, mais ça reste dans les archives.
Non non le monde ne s'arrête pas de tourner.

Ainsi ce système aura valeur éducative d'obliger les gens a être toujours honnêtes, afin que ce ne soit plus une qualité éphémère justement.
Etre contre ça, c'est permettre aux gens de commettre des malhonnêtetés.
Ce n'est pas admissible.
Une chose très admissible par contre c'est par exemple de se comporter pas très bien mais en le déclarant franchement et en payant pour tous les dégâts qu'on cause. En ne faisant pas bien son travail par exemple en étant paresseux, et en acceptant de ne recevoir qu'une faible paie pour ça.
Ca c'est honnête, et il pourra y avoir plein de gens qui le choisiront.
C'est pas grave, hein, vu la productivité de notre économie on peut très bien vivre modestement et sans chercher à être au top, non ? Du genre avoir un demi SMIC de télétravail pour des clients français en habitant dans un pays pauvre où tout est 5 fois moins cher.

D'un autre côté, on peut contester les règles de l'honnêteté admises par les autres si on est pas d'accord de respecter tels ou tels principes. Chacun choisit son contrat social et ses représentants idéologiques.
La condition est alors que cela forme une thèse défendable ou acceptable par ceux qui auront des interactions avec vous, libre à eux de le choisir après lu votre déclaration, et que cela ne cause pas de nuisance collective, à savoir essentiellement ce qui touche à l'environnement (utilisation de ressources naturelles et pollutions).
Dans ce cas, vous pourrez faire des affaires avec les gens qui ont choisi d'admettre vos valeurs, styles de négociations ou principes de travail, sans déranger ceux qui ne sont pas d'accord.

L'instabilité législative et la rétroaction

"la théorie la plus simple est surtout celle dont on peut exactement prévoir les effets relativement constants, dans un temps prédéterminé.
Autrement dit, s'il est nécessaire d'anticiper les changements, d'observer de nouvelles règles, il est nécessaire de savoir d'où on les observe, à quel titre et jusqu'à quand"

Euh ?
Ce que je propose est très simple:
Travaillez dans le respect de l'intérêt général, sachant que le vide juridique ne vous épargne pas la responsabilité de vos méfaits ni de vos imprudences.
Si vous négligez de prendre des précautions de protection de l'intérêt général, développant des technologies ou de nouvelles méthodes risquant d'être dangereuses (pour l'environnement, la sante publique) ou de tirer des avantages immérités par des moyens détournés (par exemple abusant de la crédulité d'un public client naïf), ne vous étonnez pas que ça vous retombe dessus.
Pas besoin d'une legislation étendue pour tout prévoir, le principe d'obligation à l'honnêteté doit suffire pour tout prévenir.
Si donc on découvre des effets pervers de votre activité, effets d'un genre qu'on n'avait pas prévu, c'est vous qui en êtes responsable et devrez payer les dégâts parce que vous ne vous êtes pas soucié de l'intérêt général ni avez pris les mesures de consultation nécessaires en cas de doute.
Si vous êtes responsable d'une entreprise mais n'êtes pas en mesure d'estimer le risque à venir d'un nouveau projet, il peut y avoir deux cas:

- Si le danger est imprévisible, souscrivez une assurance.

- Si vous n'avez pas la compétence suffisante pour estimer les retombées d'une méthode,
d'une décision, vous devez faire appel à des spécialistes chargés du pouvoir adéquat pour faire l'étude nécessaire.
Quand leur enquête sur votre projet est faite, ils posent leur signature dessus et vous serez alors protégé par leur signature, en cas de problème si vous respectez les methodes que vous leur avez présentées: vous leur avez transmis la responsabilité correspondante, et ce sera alors à eux personnellement d'en payer les dégâts, d'en assumer les conséquences en cas de problème (ainsi que ceux qui les ont désignés, et ainsi de suite de sorte que la responsabilité s'étend sur la société, car le rapport étant public, ceux qui le contestent peuvent porter plainte contre ces experts, organiser un nouveau rapport etc).
Si vous changez de méthodes vous devez demander un nouveau rapport.

Une mise en cause de la légalité de certaines méthodes, que la responsabilité ait ou non été transmise aux représentants de la collectivité par un tel contrat, ne peut se faire qu'au moyen d'arguments solides : une loi ne peut pas être une convention purement arbitraire mais elle doit s'enraciner dans la vérité au moyen de la dynamique des débats et coallitions entre les agents de pouvoir. Un tel enracinement dans la vérité peut alors justifier la rétroactivité de certaines lois.
Suivant les cas, soit on vous permet de continuer votre projet ou on vous paie l'adaptaton parce que vous n'avez pas commis d'imprudence, soit on doit mettre en évidence votre manque de respect de l'intérêt général dans ce que vous avez entrepris, pour que vous en portiez la responsabilité et que votre adaptation aux nouvelles règles soit à votre charge.

S'il y a des choses du style instabilités législatives, c'est qu'il y a des gens qui ont pris de mauvaises décisions législatives qui doivent être corrigées par d'autres.
Ceux qui ont fait ce mauvais travail en sont donc responsables et doivent le payer, parce que la question de savoir quelles sont les bonnes lois est une question objective qui se réfère à l'idéal de justice.
Ou alors si ce n'est pas ainsi ce sont des gens qui ont changé d'avis. Là encore, étant responsable des avis qu'on donne, on s'engage à affirmer que ce qu'on dit est juste, et s'il s'avère ensuite qu'il ne l'était pas, cela signifie qu'on a trahi son engagement et on doit le repayer à la collectivité. Ou dans le cas d'accords particuliers aux pratiques d'une certaine entreprise, on s'engage à accepter que la portée de cet avis perdure dans le temps (quitte à en payer les conséquences), soit on ne le fait pas mais alors on n'aura pas de réelle influence car l'accord donné est un contrat entre le législateur et les personnes concernées par l'application de la legislation.

De même, toute déclaration signée vaut un certain engagement, et celui qui en change doit dédommager financièrement les conséquences néfastes qu'a pu avoir entre-temps une éventuelle erreur ainsi que l'éventuelle désorganisation causée par ce changement, à la mesure de sa responsabilité.
Ceci suivant les modalités en vigueur dans le contrat social librement consenti par chacun.

Problèmes de désaccords; failles du système qu'on peut voir...

Bien sûr il y aura des désaccords, et pour les domaines qui s'y prêtent il pourra y avoir une saine disparité d'opinions, sans conflits, permettant simplement à une diversité de politiques de coexister.

"Sans compter que pour les décisions locales,(dans ce cas, il n'y a plus l'ordinateur pour être l'intermédiaire qui va à l'essentiel et qui accompagne la démarche volontariste de la source, qui semble par là même être honnête), et en terme d'expérience associative, c'est à dire à l'intérieur d'un groupe et entre plusieurs groupes, les rapports se dégradent presque obligatoirement. C'est à la base de l'expérience associative ou syndicale. On quitte une représentation ou on laisse un idéal de côté, pour aller vers une autre, vers un autre. Je juge mal un autre, parce que mes convictions ont changé"

Ben là je dirais: c'est la vie, il faut faire avec. Il vaut mieux ça que des décisions prises arbitrairement par des décideurs sans contestation possible. Avez-vous une quelconque solution meilleure ?

Ou encore on me dit: cela soulèvera trop de débats, les gens n'arriveront pas souvent à se mettre d'accord et resteront sur leur position. Ou tel ou tel autre disfonctionnement insoluble ou perversion.

Je réponds:
La plupart des problèmes qui se poseront dans ce système ne sont pas des problèmes nouveaux, ce sont des problèmes réels qui ont toujours existé, sauf que jusqu'à présent il n'était pas possible de les exprimer et ils restaient donc irrésolus, car ils étaient cachés dans la vaste obscurité du monde.
La différence donc, c'est qu'avec le nouveau système ils ont des chances appréciables d'être résolus car ils auront l'occasion d'être mieux débattus. Si 90% des problèmes nouvellement formulés sont résolus à force de dialogues et d'argumentations dans le nouveau système, ce sera un très grand progrès. Pourquoi vouloir insister sur les 10% des problèmes restants, ceux qu'on ne parviendra pas à résoudre ?

Si on ne parvient pas à les résoudre dans ce système, je pense qu'on ne peut de toute manière les résoudre mieux dans aucun système, et comme argument je dirais: si vous me donnez un exemple de problème pouvant se résoudre relativement mieux dans un autre système (par exemple par des juges spécialisés), alors prenons ce mécanisme de résolution et voyons comment on peut l'intégrer comme une fonctionnalité (par exemple une spécialité de pouvoir) à l'intérieur de celui-ci, comme option en vue des cas où elle est effectivement la plus efficace.

Pertinence du droit actuel en comparaison avec cette solution

Critique [résumée ici]:

"L'expérience du droit montre que pour la plupart des conflits tels qu'on les rencontre dans les tribunaux, le genre de traitement proposé ici ne résoudrait aucun problème, et au contraire les compliquerait en impliquant affectivement des personnes qui ne devraient pas être concernées.
En effet, les conflits qu'on observe sont généralement des conflits entre personnes honnêtes dont les relations sont perturbées par des situations imprévisibles, pour lesquels il y a besoin d'arbitrages neutres.
Ainsi se développe le droit, en développant de multiples clauses dans les contrats permettant de répondre au cas où surviendraient de multiples sortes d'évènements même invraisemblables, ainsi que de multiples clauses permettant d'arbitrer dans les tribunaux.
"

Réponse [développée par rapport à ce que j'avais dit sur le moment]:

D'abord, je ne prétends pas tout détruire de ce qui existait avant. En ce qui concerne les problèmes pour lesquels le droit actuel est pertinent, je pense qu'on devrait trouver les moyens de transporter ces solutions actuelles dans (ou comme compatible avec) le système que je propose, en sorte de ne pas introduire d'inconvénients comme vous faites allusion.

Donc, ceci nous ramène à la question: si face à ces problèmes tout est pareil, qu'est-ce qui change ?

Eh bien, j'estime que l'ensemble de ces conflits tels qu'ils se manifestent dans les tribunaux, ne sont pas représentatifs de l'ensemble des conflits réels auxquels la société est confrontée. Ce cadre légal est en effet sujet à une double limitation:

1) Une limitation géographique et de nationalité. Le droit d'un pays ne s'applique (en gros) que dans ses frontières, pour ses citoyens. La raison première en est que le droit a besoin de la force des institutions en place pour s'exercer.

Par contre l'avantage de mon système est qu'il est capable de s'exercer sans ce moyen. Donc, en reconstruisant dessus des structures semblables à celles du droit actuel dans la mesure où il est juste, cela permettrait à ce droit de s'étendre au-delà de ces frontières, et de s'appliquer donc à un ensemble de personnes beaucoup plus vaste au-delà de ces limitations désormais non pertinentes du fait de la mondialisation (ayant donc pour seules conditions la libre adhésion et la confiance échangée pour la reconnaissance de celle-ci).

Mais alors, petite remarque: pour les conflits mentionnés ici, à savoir ceux entre personnes honnêtes ayant besoin d'un arbitrage pour savoir qui a raison, ainsi que pour la question de l'énumération des clauses dont on a besoin pour faire un contrat, il me semble que la question des moyens de faire respecter les abitrages ne se pose pas. Mais alors, comment expliquez-vous (si vous estimez que ce sont là l'essentiel des types de problèmes du monde) que la justice d'un pays où elle marche bien ne va pas vendre simplement ses services de conseils et d'arbitrage à l'étranger, de sorte d'exporter son droit et donc le développement et la civilisation au monde entier ?

2) Une limitation des types de conflits et autres problèmes à gérer.
Je pense qu'il y a d'importants problèmes de société ou autres conflits qui pourraient être résolus (ou du moins mieux gérés) par le système que je propose, et que vous oubliez du fait que leur nature les empêche de rentrer dans les statistiques des tribunaux. Comme exemple facile d'actualité, il y a bien sûr la guerre en Irak dans toutes ses dimensions incluant notamment cet étrange conflit entre la population britannique qui manifeste son opposition à la guerre et ses représentants politiques.

Il y a par ailleurs bien d'autres conflits à des échelles bien plus petites mais néanmoins très importantes si on les additionne, qui d'habitude n'apparaissent pas dans les médias et les statistiques, parce qu'ils sont de nature différente, Notamment, certaines peuvent être habituellement taboues de par une certaine mentalité dominante d'accusation des victimes. En particulier, tout ce qui concerne le système scolaire, qui accapare la vie de nombreuses personnes d'une manière parfois absurde et contre-productive, sans que puisse exister aucun moyen pratique de s'en plaindre.


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