Les causes du chômage

Les causes du chômage actuel, autrement dit venu après les 30 Glorieuses, n'ont rien à voir avec le cas des années 30. Celui-ci était une affaire de crise dite de surproduction, crise qui localement se présente comme si elle était dûe à une insuffisance de la demande des produits, mais qui globalement est en réalité l'expression d'une crise monétaire, une faille dans la conception du système monétaire, et se caractérise par une chute des prix. C'est cette chute des prix pour des raisons monétaires, qui fait concrètement diminuer les demandes et met à l'épreuve le système monétaire qui ne réagissant pas correctement, fait encore chuter les prix.

Mais actuellement, il n'y a pas de chute des prix, donc pas de crise de surproduction, donc il n'y a nulle insuffisance globale de la demande (les débouchés) qui puisse être tenue responable du chômage.

L'idéologie keynésienne de la relance de l’économie par la consommation a eu beau être entonnée des millions de fois depuis la fin des 30 Glorieuses, n’a jamais reussi à relancer quoi que ce soit (Mitterrand avait bien essayé sans succès), en effet consommer plus c’est d’une part épargner moins donc se préparer à consommer moins à l’avenir, d’autre part en attendant c’est priver les entreprises de capitaux financiers et donc d’occasions d’investissements qui constituent les débouches qui remplacent exactement (logiquement automatiquement, certes à condition d’orienter la production vers les produits appropriés) les consommations finales non effectuées. En dehors d’une crise monétaire déflationniste, il n’y a pas de manque de demande au niveau global, l’idée qu’augmenter globalement la consommation augmentera globalement l’activité est absurde. Certes au niveau local la situation est différente: une situation touristique avantageuse ou la création locale d'un pôle d'investissement (grande usine, silicon valley,...) attire les flux financiers et relance l'économie locale préférentiellement par opposition au reste du monde. La résorption d'un chômage local peut donc se faire par une amélioration de l'attractivité touristique ou la création d'un pôle d'investissement local; un chômage global peut alors être dû à la séparation géographique entre les offres et les demandes, à cause des inégalités entre les conditions d'attractivité des différents lieu. Se pose alors la question des moyens de rééquilibrage.

Voir explications complémentaires sur les autres pages du présent site, notamment ici.

Les autres causes du chômage au niveau global sont les suivantes:

- Insuffisance de la masse des capitaux sur le marché mondial : pour produire il faut du travail et aussi du capital. Des entreprises occidentales ferment pour transférer leurs capitaux dans des pays émergents où ils rapportent plus. Mais s'il y avait plus de capitaux au total il en resterait assez pour tout le monde. Voir de plus amples commentaires dans la section Critique de la gauche et la relance par l'épargne. Coupables de ce manque de capitaux, les déficits budgétaires et les retraites par répartition.

- Des lourdeurs administratives inextricables et de multiples contraintes légales sur le fonctionnement des entreprises et les conditions d'emploi, qui assomment toutes les activités et les empêchent de se dérouler raisonnablement.

- La segmentation du marché du travail: il n'y a pas un marché du travail, mais des millions de marchés du travail suivant les compétences des uns et des autres et les tâches à effectuer. Les tâches sont de plus en plus spécialisées. Pour développer une activité il faut employer un éventail de gens ayant des compétences différentes, or certaines sortes de gens manquent, ce qui empêche de développer l'activité et donc laisse au chômage les autres sortes de gens. Cette segmentation, et le fait que le rapport entre offre et demande est très différent suivant les fonctions et qualifications, se traduit naturellement par une forte inégalité des salaires. Mais en deça d'un certain seuil de salaire, les emplois sont refusés....Pour aider la rencontre de l'offre et de la demande, il faudrait développer de bons systèmes internet de recherche d'emploi,

- Il faudrait auss bien informer d'avance les étudiants sur la situation du marché du travail pour leur permettre de bien s'orienter. La définition et la pertinence du système de diplômes actuels doit être questionnée. Cet aspect des choses peut se comporter comme une insuffisance globale de la demande, alors qu'en réalité il n'y a pas d'insuffisance globale de la demande : la demande existe, mais le problème est d'arriver à la rencontrer. Car elle se cache, on ne sait pas où elle est. Il faudrait faire de grands répertoires web de toutes les offres et toutes les demandes possibles dans tous les domaines, pour faciliter leur rencontre, donner des idées à ceux qui cherchent du travail, leur suggérer quel travail utile ils pourraient faire ou quelle entreprise ils pourraient créer.

- La loi sur le salaire minimum (et généralement les conventions collectives), qui, parmi bien d'autres contraintes légales, empêche les gens de commencer par un travail peu payé pour se faire la main avant d'en décrocher un mieux payé; le fait que cela empêche les gens un peu moins bons de décrocher le moindre emploi par un marchandage sur le salaire en concurrence avec les meilleurs. Une bonne idée d'Alternative Libérale est de dire: si on veut aider financièrement les gens sans emploi, il faut que l'allocation dont ils bénéficient soit un revenu d'existence qui continue d'être reçu quand on trouve un emploi, afin que cet emploi même peu payé (sans minimum) soit un supplément de salaire et donc intéressant, et non le malheur de perdre l'allocation qui était perçue.

- Coupable en partie de l'inadéquation des qualifications aux demandes du marché, le système scolaire qui continue stupidement à faire un excécrable travail (ou plutôt non-travail) d'orientation, à mettre un point d'orgueil à enseigner des choses qui sont inutiles pour la recherche d'un emploi, en espérant que cela fera d'eux de meilleurs citoyens. En réalité c'est le contraire: ce que le marché demande, c'est des gens suffisamment intelligents et avec l'esprit ouvert sur la société et sur les besoins d'autrui, donc de bons citoyens et de vrais hommes libres, pour pouvoir se rendre utiles à la production. Mais l'école refuse de faire oeuvre utile à la recherche d'emplois, et préfère faire oeuvre inutile en inculquant des choses inutiles pour constituer une éducation inutile, à savoir qui formate l'esprit des gens en une bande de zombies conformistes bons à rien, seulement capables de décrocher des diplômes de zombies et d'obéir comme des robots, du genre à se faire largement dépasser à la concurrence par les véritables robots, moins onéreux à payer. Voir cet article d'un autre auteur qui présente ses réflexions dans ce registre. L'école a l'obsession de faire des diplômes les plus nationaux, européens, universels, objectifs et standardisés possibles, pour bien attester de la standardisation de ses élèves et donc leur capacité à faire uniquement des choses que les robots pourraient faire en mieux. Pour sortir de l'impasse il faudrait accepter la réalité de l'extrême diversité des capacités professionnelles, et de leur caractère éminemment subjectif puisque fonction des activités à exercer, qui sont elles-mêmes très diverses.
A cela s'ajoute le fait que l'enseignement public est en état de concurrence absolument déloyale avec l'enseignement privé. Ce régime dirigiste de l'enseignement, l'empêche de se moderniser. Voir autres remarques sur l'éducation.

- Le fait que tant la mentalité des gens que les règlements administratifs, n'ont pas encore su prendre la mesure et l'opportunité du fait que les vrais emplois dont l'économie aura de plus en plus souvent besoin, sont des emplois à court terme, voire des travaux ponctuels. Les gens sont, poussés en cela par la pression sociale et culturelle, obsédés par l'ambition de se caser à vie quelque part pour ne plus avoir besoin de réfléchir aux objectifs de leur vie, alors que le bouleversement permanent de plus en plus rapide des activités et modes de production qui conviennent, fait qu'une telle conception ne peut plus convenir dans le monde actuel, qui a au contraire toujours besoin de plus d'initiatives et d'innovation. Pourtant, en y réfléchissant bien, les gens devraient au contraire être heureux de cette nouvelle donne parce que, le revenu étant beaucoup plus élevé qu'autrefois, il ne devrait plus être aussi nécessaire qu'autrefois de travailler en permanence pour arriver à vivre confortablement: en travaillant quelques années pour être ensuite inactif quelques années, ou en travaillant à mi-temps ou occasionnellement avec des occasions de changer souvent d'activités ou d'employeurs, cela permettrait une plus grande liberté (travailler quand on veut, se reposer quand on veut), un plus grand bien-être, une plus grande richesse d'esprit par la découverte d'horizons différents. Mais si les gens ont peur de, et donc refusent, un certain emploi, au prétexte que c'est un emploi temporaire ("précaire"), car cela agite en eux la grande peur de se retrouver ensuite au chomage, ils sont en réalité ni plus ni moins en train de se condamner eux-mêmes à ce chômage qui les effraie tant.


Voir aussi : dans mon texte en anglais, une partie "Causes of inequalities".

Un article Agoravox de témoignage d'un chercheur d'emploi
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