L'Energie
L'énergie est un concept fondamental en physique, qui se
retrouve dans la plupart des théories
physiques d'une manière ou d'une autre.
Pour
la physique du quotidien, on peut décrire l'énergie comme une
quantité associée à un système, et qui se définit comme somme des
énergies associées aux différents aspects de ce système (sa forme, sa
vitesse, sa position, sa composition...). L'énergie peut être
stockée sous différentes formes que nous allons détailler plus bas, et
être véhiculée d'un système à l'autre ou convertie d'une forme à
l'autre de différentes manières.
Une propriété
fondamentale de l'énergie est qu'elle se conserve. Malgré
les
apparences, à travers tous ses
changements de forme ou transmissions d'un système à
l'autre, elle n'est jamais perdue. Elle
se transporte, elle se transforme, mais JAMAIS
elle ne surgit de nulle part. Une énergie qui
disparait sous
une certaine forme réapparaît toujours sous une
autre !
Tout comme la charge électrique, la conservation de l'énergie est
une loi absolue. Le pourquoi de son caractère absolu (inviolable) n'est
pas évident
lorsqu'on se contente d'étudier la mécanique classique ou même la
mécanique relativiste, mais il s'impose dès qu'on étudie la relativité
générale ou la physique quantique.
L'Energie Cinétique
Quand vous lançez un objet, vous dépensez de
l'énergie.
Plus exactement, vous la communiquez à l'objet
sous forme de mouvement. Vous aviez de l'énergie
"en réserve" dans vos muscles, et vous l'avez
transformée
en mouvement.
Donc il existe une forme de l'énergie
"associée
au mouvement", c'est à dire que tout objet en mouvement
en possède. On appelle cette énergie de
l'énergie cinétique.
Vous avez donc transformé l'énergie
stockée dans vos
muscles en énergie cinétique, que vous avez
donnée
à l'objet. C'est simple !
L'énergie cinétique dans un
objet mesure en
quelque sorte l'effort
qui a été fait pour le lancer.
Tout objet qui est en mouvement possède de
l'énergie cinétique.
Mais bien entendu, cette énergie dépend de deux
choses :
- de la masse de l'objet,
- de sa vitesse.
D'abord, pour une même vitesse, l'énergie cinétique
est proportionnelle à la masse: il faut autant d'énergie
pour lancer deux pierres collées l'une à l'autre que pour
les lancer séparément à la même vitesse !
Donc à la
même
vitesse, l'objet le plus lourd a la plus grande
énergie cinétique.
Maintenant, vous avez aussi besoin de faire plus d'efforts
pour lancer un objet plus vite. De deux objets
de même masse, c'est donc celui qui va le plus vite qui a la
plus grande énergie cinétique.
En fait, l'énergie cinétique est même proportionnelle au carré de
sa vitesse.
Cela signifie qu'il faut 4 fois plus d'énergie pour
lancer un objet à 2 km/h qu'a 1 km/h. Or dans
un accident, ce qui compte énormément, c'est bien
l'énergie cinétique des véhicules. Donc réduire sa
vitesse
de moitié, c'est diviser par quatre
son énergie cinétique c'est donc
réduire la gravité d'un accident
éventuel par quatre ! Sans
compter qu'en allant lentement on a plus de temps pour réagir et éviter
les accidents.
Mais pourquoi la vitesse est-elle prise au carré ?
Une explication bêtasse est la suivante: imaginons qu'on lance un
objet avec une vitesse négative. Autrement dit, on le lance vers
l'arrière au lieu de le lancer vers l'avant. Si l'énergie
cinétique était proportionnelle à la vitesse, elle
deviendrait négative pour une vitesse négative. Or cela
est absurde car l'énergie cinétique ne doit pas
dépendre de la direction de la lancée. Pour avoir une
formule gardant le même résultat lorsqu'on change le signe
de la vitesse, tout en restant le plus simple possible, il faut
élever celle-ci au carré.
Bon, soyons un peu plus subtils. Je suis dans un train avec une pierre
à la main, et je la jette par la fenêtre. Le train a
dû fournir une énergie pour emmener cette pierre dans son
mouvement avant qu'elle ne soit lancée, puis cette
énergie fiche le camp par la fenêtre avec la pierre. Pour
ne pas modifier l'énergie cinétique du reste du train au
moment du lancement, je dois jeter la pierre
perpendiculairement
au rail (de mon point de vue assis dans le train). Combien
d'énergie la pierre a-t-elle reçu, du point de vue d'un
observateur au sol ?
(Energie cinétique totale de la pierre) = (énergie
cinétique de la pierre à la vitesse du train) +
(énergie cinétique de la pierre à sa vitesse de
lancement par rapport au train).
Or, la vitesse totale de la pierre est décrite par le vecteur
somme de ces 2 vecteurs vitesse qui sont orthogonaux. Il est alors
nécessaire que l'énergie cinétique soit
proportionnelle au carré de la vitesse pour que cela corresponde
au théorème de Pythagore.
Ainsi la formule de l'énergie cinétique est E=(1/2)mv2où
m est la masse et v est la vitesse. La raison du facteur 1/2 est liée
au fait qu'il y a d'autres définitions plus fondamentales de l'énergie
liées aux masses et aux vitesses, obligeant à choisir l'unité d'énergie
d'une manière telle que dans le cas de l'énergie cinétique cela
apparaît ainsi. L'une de ces définitions est le fameux E=mc2,
où c est la vitesse de la lumière.
Le caractère relatif de l'énergie, le rôle du sol terrestre
La
notion de vitesse n'a pas de sens dans l'absolu, mais dépend de
l'observateur qui la mesure. Ainsi, un objet qui a l'air immobile pour
un observateur terrestre est par ailleurs emporté par le mouvement de
rotation de la Terre sur elle-même, autour du Soleil, et autour du
centre de la Galaxie.
Et puisque l'énergie cinétique se définit au moyen de la vitesse, elle
dépend aussi de l'observateur.
Mais
cela n'a pas d'importance. En fait, ce qu'on discutera sous le nom
d'énergie, désigne en fait dans tout l'exposé, et notamment en
thermodynamique, un aspect apparent d'une réalité physique
plus
profonde et plus complexe.
C'est l'aspect de cette réalité qui
apparaît sur des phénomènes se produisant en un lieu donné sur Terre,
du point de vue d'un observateur immobile par rapport au sol.
La
raison de cette convention est qu'il est habituellement facile de
prendre appui sur le sol pour changer sa vitesse. L'énergie dépensée ou
reçue pour mettre en mouvement ou freiner un objet, est une énergie
mise en oeuvre concrètement d'une manière qui fait intervenir un appui
au sol. C'est cette disponibilité du sol terrestre comme support pour
les mises en mouvement et les freinages, qui rend pertinent le choix de
discuter uniquement de l'énergie des objets en général, et de leur
énergie cinétique en particulier, comme étant l'énergie
mesurée par rapport au sol.
Energie Potentielle
L'expression "énergie potentielle" est une expression assez
générale, désignant l'énergie liée à la position ou à la forme
d'un objet.
Mais il peut y avoir plusieurs causes responsables de cette énergie.
Ce sont ainsi plusieurs types d'énergie potientielle.
L'énergie potentielle de gravitation.
Considérons un zouli chariot sur des montagnes russes,
dans une foire. Le chariot étant placé en haut
d'une descente,
avec une toute petite vitesse, va s'engager dans la pente,
et accélérer, en gagnant de plus en plus de
vitesse.
Donc d'énergie cinétique.
Mais une question se pose : D'où le chariot a-t'il
tiré son
énergie ?
Cela revient à se demander ce qui l'a fait
accélérer, et la réponse
est simple : si le chariot a descendu la pente, c'est que son poids
l'attirait vers le bas. Et c'est donc son poids qui a fourni
au chariot son énergie cinétique.
Un chariot placé en haut d'une pente peut donc utiliser son
poids
(et donc le fait qu'il a une certaine altitude, qu'il a la
possibilité
de tomber), pour acquérir de l'énergie
cinétique, pour se mettre en
mouvement. On dit qu'en haut de la pente, le chariot
avait une
certaine énergie potentielle. Cette énergie
potentielle est ici appelée
une énergie potentielle gravitationnelle, pour dire que c'est
le poids qui fournit
l'énergie.
Pour une masse donnée, cette
énergie potentielle ne dépend
que de l'altitude :
plus un objet est haut, plus en tombant, il peut acquérir
d'énergie cinétique, donc plus il a
d'énergie potentielle. A la même altitude, deux chariots
identiques
ont la même capacité de gagner de la vitesse, donc
la même
énergie potentielle.
Un objet qui ne "peut pas tomber plus bas" n'a pas d'énergie
potentielle
gravitationnelle à dépenser. Quand par ailleurs, vous faites votre
déménagement,
pour monter un objet au troisième étage sans
ascenceur, il vous
faut fournir un certain effort. Au final, vous avez donné de
l'energie
potentielle à vos meubles, puisque vous leur avez
donné de l'altitude.
Plus ils sont lourds, plus vous en bavez, donc un objet a d'autant
plus d'énergie, à altitude constante, qu'il est
lourd.
La formule de l'énergie potentielle gravitationnelle est
E=mgh
où m est la masse de l'objet, g est l'accélération de pesanteur
terrestre (= 9,8 m/s2,
qui signifie qu'un objet tombant sans être freiné par
l'air ni rien d'autre, acquiert à chaque seconde une vitesse
vers le bas supplémentaire de 9,8 m/s), et h est l'altitude du
centre de gravité de l'objet. Notons que l'altitude h peut
être aussi bien calculée par rapport au niveau de la mer
que par rapport à tout autre niveau. En effet ce qui compte dans
une formule de l'énergie n'est pas sa valeur pour un état
donné, mais ses différences de valeurs entre les
différents états.
Il est d'ailleurs possible de démontrer la formule de
l'énergie cinétique (et d'expliquer son 1/2) rien qu'en
calculant le mouvement d'un objet en chute libre, sachant que son
accélération vers le bas est toujours égale
à g, et qu'il y a conservation de l'énergie ainsi définie:
Energie totale qui se
conserve = Energie cinétique + Energie potentielle gravitationnelle.
L'énergie potentielle électrostatique
De même, en électricité, une charge +
et une charge - s'attirent.
Il faut dépenser de l'énergie pour les éloigner
l'une de l'autre, tout comme il fallait de l'énergie pour
séparer l'une de l'autre deux masses qui étaient
liées par la gravitation (un objet et la Terre).
Cette énergie s'accumule sous forme d'énergie potentielle
électrostatique. C'est en fait l'énergie contenue dans le
champ électrique.
Chaque charge électrique engendre un champ électrique
autour de lui, et la densité d'énergie de ce champ est
proportionnelle au carré de l'amplitude du champ.
Dans la matière habituelle il y a autant de charges
électriques positives et négatives, la somme vaut
zéro donc le champ électrique autour est nul, et ne
contient pas d'énergie. Mais si on veut séparer ces
charges en mettant d'un côté plus de charges positives, et
de l'autre plus de charges négatives, il faut pour cela fournir
(mécaniquement par exemple dans l'effort d'éloignement)
l'énergie du champ qui les entourera.
Ainsi, habituellement les systèmes ont tendance à revenir
à l'état d'énergie minimale, où la charge
électrique totale de chaque objet est nulle.
Mais il y a des circonstances exceptionnelles où il n'en va pas
ainsi. Par exemple dans un orage, des nuages accumulent des charges
électriques de même signe. Cela fait un champ
électrique étalé sur une large zone, qui contient
beaucoup d'énergie. Lorsque le champ électrique
dépasse une certaine intensité, l'air réagit en
déclenchant un éclair, qui libère cette
énergie potentielle électrostatique.
L'énergie potentielle magnétique
Prenons deux aimants. En bons aimants, ils s'attirent. Donc
si on les écarte, et qu'on les lache soudainement, ils
vont foncer l'un vers l'autre. En gagnant bien sûr de
l'énergie cinétique.
Donc on a là aussi une autre forme d'énergie
potentielle,
mais cette fois, ce qui compte c'est l'écartement des deux
aimants, et ce qui attire les deux aimants, ce n'est plus leur
poids, mais la force magnétique.
Si on veut entrer dans l'examen détaillé de la nature physique
de l'énergie potentielle magnétique, il se trouve que c'est plus
compliqué. Mais vous retrouverez cela dans la partie électromagnétisme.
L'énergie chimique
Les réactions chimiques peuvent dégager
de l'énergie.
Cela peut se manifester de différentes manières :
sous forme
de chaleur (dans le feu, dont une partie de la chaleur
produite
part en lumière correspondant à son rayonnement thermique), de lumière
(les matières phosphorescentes), d'électricité (dans les piles).
L'énergie
chimique est liée aux dispositions des atomes les uns par rapport aux
autres et la manière dont les électrons s'agencent par rapport à eux.
La nature physique de cette énergie n'est autre que celle des énergies
cinétiques des électrons, et des énergies potentielles électrostatiques
reliant électrons et noyaux atomiques. Mais cela se fait d'une manière
qui ne peut pas se calculer normalement par la mécanique classique que
nous présentons ici, car ces agencements se font au niveau
atomique et nécessitent de recourir à la physique quantique
pour
être expliqués. Mais en pratique seul compte le résultat final: la
quantité d'énergie contenue dans chaque molécule.
C'est sous
forme chimique que les plantes stockent et emmagasinent l'énergie reçue
de
la lumière du Soleil, transformant l'eau et le dioxyde de carbone
(molécules ayant la plus basse énergie chimique parmi celles qui
peuvent être formées par les atomes d'oxygène, l'hydrogène et de
carbone) en molécules organiques dotées d'une énergie chimique plus
élevée (notamment le sucre) et oxygène libérée dans
l'atmosphère. Et c'est en s'alimentant
des molécules ainsi produites, que les autres vivants prennent leur
énergie, en produisant la réaction inverse dégradant ces molécules
énergétiques vers les formes chimiques de plus basse énergie dont on
était partis.
L'énergie que contiennent nos muscles vient de ce que nous
mangeons.
Ce que nous mangeons vient soit d'autres animaux, qui mangent des
plantes,
soit des plantes directement.
L'énergie
du charbon et le pétrole que l'on récupère en
brûlant du charbon
ou de l'essence, est aussi de l'énergie chimique, intéressante pour sa
très forte concentration (quantité d'énergie dans une masse donnée).
Ces matières et leur énergie sont aussi issus de
plantes,
mais qui ont vécu il y a très très
longtemps. Ce sont des
énergies fossilisées,
c'est à dire recouvertes par la roche et ainsi conservées.
L'énergie des plantes vient de la lumière du soleil.
Nous marchons tous indirectement à
l'énergie solaire !
Et l'énergie du Soleil, elle vient de...
L'énergie nucléaire
L'énergie nucléaire est la principale réserve d'énergie de
l'univers, utilisée par les étoiles, et seulement dépassée par
l'énergie potentielle de gravitation dans les seuls cas d'effondrement
en étoiles à neutrons et trous noirs (tant que le nombre baryonique se
conserve).
Pour
se rendre compte de l'ampleur gigantesque de cette réserve, il suffit
de considérer que, lorsqu'une naine blanche, reste d'un coeur
d'étoile morte, ayant déjà perdu beaucoup d'énergie sous forme de
potentiel de gravitation et de réactions nucléaires, atteint sa
masse limite en absorbant de la matière alentour, le début de
son
effondrement produit encore des réactions nucléaires suffisamment
puissantes pour exploser entièrement en supernova Ia, contrecarrant la
totalité de son énergie potentielle gravitationnelle négative, ne
laissant aucun noyau, ni étoile à neutrons ni trou noir.
L'énergie
dégagée par une réaction nucléaire est liée à la différence entre
l'énergie des noyaux utilisés et celle des noyaux obtenus. Pour
comprendre à quelle condition cela peut produire de l'énergie et
combien, il est utile d'énumérer pour chaque atome la quantité
d'énergie nucléaire qu'il contient, et de la diviser par son nombre de
nucléons. Ainsi une réaction libèrera de l'énergie si les noyaux de
départ sont plus énergétiques que les noyaux obtenus.
Ce qui est
remarquable avec les réactions nucléaires, c'est que les différences
d'énergies sont si grandes qu'elles sont mesurables d'après la masse
des noyaux atomiques. En effet, l'énergie totale contenue dans un objet
de masse m est définie par E=mc2 où c est la vitesse de la lumière.
Si
on applique cette formule aux objets de la vie courante, elle donne des
résultats démesurément grands, car la vitesse de la lumière est très
grande. Et ces quantités très grandes subissent habituellement des
variations modestes, du style : variations entre 1 000 000 000 000 000
et 1 000 000 000 000 010. Les réactions chimiques font à peine plus de
différence.
Vous allez demander: mais comment se
fait-il que la plupart des phénomènes manipulent et échangent
des
énergies "normales" ?
On a expliqué qu'en pratique, ce qui est important dans
l'énergie n'est pas sa valeur pour un état donné, mais la différence
d'énergie entre plusieurs états possibles d'un même système. Il suffit
alors de retrancher à ces quantités très grandes d'énergie une
grande constante voisine de leur valeur moyenne, en
fixant cette grande constante comme dépendant d'un chiffre
exact lié à d'autres nombres qui se conservent pour d'autres raisons,
pour obtenir des résultats
plus expressifs: ainsi, si l'énergie varie en réalité entre 1 000 000
000
000 000 et 1 000 000 000 000 010, on peut décider par convention de
soustraire
partout 1 000 000 000 000 000 pour imaginer cette variation d'énergie
comme allant de 0 à 10.
Si
on voulait observer par une mesure de la masse la perte d'énergie d'un
système par une réaction
chimique même très énergétique (comme une combustion, dont l'énergie se
serait échappée au loin entre-temps, tandis que tous les atomes
seraient précieusement conservés), c'est une différence de masse
nettement plus petite que 1 sur 1 milliard, et plutôt du
genre 10-10 tout au plus, qu'il
faudrait mesurer. Ce n'est évidemment pas pratique.
Mais cela devient praticable avec les réactions nucléaires, beaucoup
plus énergétiques.
Cette
mesurabilité pratique des différences d'énergie au vu de la différence
de masse, n'est ainsi due qu'à la grande ampleur de cette différence,
et ne
signifie pas que l'énergie nucléaire soit d'une quelconque manière plus
spéciale
physiquement par rapport aux autres formes d'énergie.
Ainsi,
toute ces différences d'énergie nucléaire ne sont finalement que les
résultats globaux de situations où interviennent principalement les
potentiels des forces nucléaire forte (qui attire à courte portée) et
électostatique (qui repousse), et l'énergie cinétique des protons et
neutrons à l'intérieur du noyau, le tout nécessitant là encore la
mécanique quantique pour être analysé (les calculs
sont extrêmement complexes et nécessitent de gros
supercalculateurs; on peut néanmoins comprendre par exemple le bas
niveau d'énergie nucléaire de l'hélium par un raisonnement assez simple
de physique quantique).
Les réactions nucléaires dans la nature
L'énergie des étoiles vient essentiellement de la fusion des
petits
atomes en atomes plus gros.
Juste après le big bang, l'univers était d'abord principalement
constitué de 75% d'hydrogène et de 25% d'hélium. C'est de cela dont les
étoiles disposent au départ; en fait, toutes les réactions qui ont eu
lieu dans les étoiles, ayant libéré l'énergie qu'on observe,
n'ont
encore que faiblement modifié la composition de l'univers.
Les
proportions d'énergie libérées que nous allons évoquer, définies par la
perte de masse, n'expriment qu'un maximum théorique irréel
pour
l'énergie chauffant les étoiles et
partant en rayonnement. En réalité, une partie de l'énergie libérée
disparaît sous forme d'énergie cinétique des neutrinos, qui
n'interagissent quasiment plus avec la matière et forment donc une
énergie perdue en pratique.
Les principales réactions nucléaires des étoiles consistent en
fusion de l'hydrogène en hélium.
Ainsi
la fusion de l'hydrogène en deutérium (ou hydrogène lourd)
libère
0,077% de la masse en énergie, mais la fusion du deutérium en hélium 4
(à 2 protons et 2 neutrons), à travers différentes étapes
intermédiaires possibles, libère jusqu'à 0,7% de la masse. C'est la
plus importante libération d'énergie dans toute la chaîne de
réactions nucléaires des étoiles; en pratique, son importance se
traduit par le fait qu'elle domine pendant la plus longue partie de la
vie des étoiles. C'est la principale réaction qui a lieu actuellement
dans le Soleil.
La
production des éléments plus lourds n'a lieu qu'en fin de vie des
étoiles, dans la phase géante. Ainsi 3 atomes d'hélium fusionnent en 1
atome de carbone 12 (à 6
protons et 6 neutrons), libérant seulement 0,065% de la masse en
énergie.
Le plus petit rapport masse / nucléons (donc, l'état de la matière de
plus basse énergie nucléaire tant que le nombre baryonique est
conservé), est le fer 56, avec 26 protons et 30 neutrons, de masse
atomique 55,9349375 g/mol contre 12 g/mol par définition pour
le
carbone 12, soit 0,116% plus léger par baryon que le carbone.
En
fait, la plupart des éléments lourds présents sur Terre ont été produit
à la toute fin de la vie d'étoiles très massives, lors de leur
explosion en supernova. Seules ces conditions de températures les plus
extrêmes ont permis de synthétiser les noyaux plus lourds que le fer,
dont la productioncoûte de l'énergie.
Les réactions nucléaires sur Terre
C'est
ainsi une petite partie de l'énergie des extrêmes températures
des
supernova qui a été emmagasinée sous forme des éléments les plus lourds.
Nous utilisons cette énergie dans des
centrales
nucléaires, en particulier par la
fission de l'uranium (division d'atomes lourds en atomes plus légers).
On
est en train d'essayer de voir si on ne pourrait
pas utiliser les réactions de fusion pour produire de
l'énergie. Cela est très difficile car cela exige des
températures
ou
collisions de noyaux encore plus puissants que pour la fission. Il
faudra attendre encore quelques
dizaines d'années avant que cela se produise, mais
si on y arrive, ces centrales fonctionneront alors avec de l'eau
(puisqu'elle contient de l'hydrogène). Ce serait la fin de la pénurie.
Mais ça reste très difficile. L'idéal pour des réactions nucléaires
efficaces et propres (sans radioactivité) serait d'avoir de l'Helium 3.
Helas, on n'en a quasiment pas sur Terre. Il y en a de faibles traces
sur la Lune mais ce n'est pas suffisant, et c'est trop difficile à
extraire. Il y en a par contre beaucoup plus sur Jupiter, mais c'est
plus loin. Il serait probablement plus raisonnable de s'occuper de
mieux gérer l'énergie solaire.
Dans
les conditions naturelles, les seules réactions se produisant sur terre
sont celles dues à la radioactivité: atomes qui se scindent
spontanément. C'est pour cela qu'il y a toujours de la lave en fusion
sous la croute terrestre : la chaleur à l'intérieur de la Terre est due
pour 80% à la radioactivité, et pour 20% à la chaleur résiduelle
héritée de la formation de la Terre par accrétion.
Cette
radioactivité est sourtout le fait d'atomes lourds (uranium et thorium)
mais aussi du potassium 40 qui, gardant tous ses nucléons, se contente
d'émettre un électron ou un positron, ou d'absorber un électron.
L'énergie thermique
Les
transformations de l'énergie finissent souvent par la transformer en
chaleur, ce qui est principalement l'énergie cinétique des atomes et
molécules qui s'agitent de manière désordonnée. Ces vibrations sont
extrêmement rapides, mais comme elles sont toutes petites (de la taille
des atomes pour les liquides, ou 68 nm pour les molécules d'air entre
deux collisions), on ne les voit
pas, bien entendu !
Ainsi les molécules
d'air, et généralement les atomes dans la matière, se meuvent à une
vitesse comparable à la vitesse du son (qui vaut
343 mètres par seconde). Cela donne aussi une idée de la quantité
considérable d'énergie habituellement contenue dans les objets sous
forme de chaleur: il faudrait accélérer un objet à la vitesse du son
pour que son énergie cinétique soit comparable à son énergie thermique
! Cela explique pourquoi une énergie ordinaire dissipée sous forme de
chaleur, n'augmente que légèrement la vitesse d'agitation des atomes en
proportion ce celle qui avait déjà lieu, et donc n'entraîne qu'une
hausse à peine perceptible de la température. En pratique néanmoins,
même les quantités de chaleur manipulées dans la vie courante
sont souvent plus petites que la chaleur présente à la base, du fait
que les amplitudes de variations de
la température pratiquées (les dizaines de degrés) sont petites
comparées à la valeur ordinaire de la température
absolue, d'environ 300°K. Sauf bien sûr dans le cas de la
chaleur d'un feu !
L'agitation thermique est donc également
un type d'énergie. Sa nature physique élémentaire est la même que
l'énergie cinétique. Mais là, c'est de l'agitation
désordonnée de petites particules (atomes, etc...). Alors
qu'on parle plus d'énergie cinétique pour de gros objets animés d'une
vitesse d'ensemble.
Un même objet a donc son énergie qui augmente quand on le chauffe.
Imaginons
pour simplifier une boîte contenant un gaz d'hélium, où les atomes ne
sont pas assemblés en molécules mais s'agitent individuellement sans
tourner sur eux-mêmes, et sont presque toujours séparés les uns des
autres.
Cette énergie de l'agitation ne peut pas être
considérée comme l'énergie intrinsèquement contenue dans une substance
particulière, comme pouvait l'être le champ électrique pour expliquer
l'énergie potentielle électrostatique. En effet, chaque atome d'hélium
qui s'agite est semblable à un atome d'hélium au repos,
et ne
se déplace que du point de vue d'un observateur terrestre. Donc, ayant
par convention défini la notion de masse d'un atome
d'hélium comme
un caractère intrinsèque de cet atome, tous les atomes de ce gaz ont la
même masse. Mais à cause de leur mouvement les uns par rapport aux
autres dans une boîte, on a
Energie d'une boîte avec N atomes
d'hélium agités dedans = Energie de la boîte vide + N*énergie
d'un atome d'hélium au repos + Energie cinétique totale des
atomes
Appliquant la formule d'Einstein E=mc2, on a
(Masse
d'une boîte avec N atomes d'hélium agités dedans) = (Masse de la boîte
vide) + (N * masse de l'atome d'hélium) + (Energie d'agitation
du
gaz d'hélium)/c2.
Autrement dit, la masse totale de la boîte
augmente quand on chauffe le gaz qui est à l'intérieur, alors que ses
constituants matériels restent.exactement les mêmes si on les regarde
individuellement (chacun en lui-même; il en va bien sûr autrement pour
un observateur terrestre). Bien sûr, la différence est généralement
beaucoup trop faible pour être mesurée en pratique.
L'énergie de rayonnement
La Terre reçoit la plupart de son
énergie du Soleil sous forme de rayonnement. Ainsi, la lumière est une
forme d'énergie qui est transportée.
Habituellement, le feu rayonne
un peu en lumière visible (rouge, orange ou jaune) mais principalement
dans l'infrarouge. C'est parce que sa température n'est que d'environ
1000 à 1300°C (sauf les flammes à hydrogène qui montent jusqu'à 2000
°C), inférieure à celle de la surface du Soleil (5800 °C). En effet,
l'énergie moyenne des photons rayonnés est proportionnelle à la
température mesurée en degrés Kelvin (= au-dessus du zéro absolu, de
-276°C). C'est principalement ce rayonnement infrarouge qui transmet la
chaleur de la flamme aux alentours.
La Terre renvoie en permanence
(jour et nuit) sa chaleur vers le ciel, sous forme de rayonnement
infrarouge (à une fréquence encore plus basse). C'est l'équilibre entre
le flux d'énergie reçue par le rayonnement du Soleil et celui réémis en
infrarouge par la Terre dans toutes les directions, qui détermine la
température de
la Terre.
On
peut considérer l'énergie de rayonnement comme une forme particulière
d'énergie thermique, à savoir que c'est le champ électromagnétique qui
est lui-même agité thermiquement à une certaine température, par son
"contact thermique" avec les objets qui émettent et absorbent ce
rayonnement.
Le mouvement perpétuel
Le mouvement perpétuel a été pendant très très longtemps (et est
encore aujourd'hui parfois) une sorte de graal de l'inventeur: et si
quelqu'un inventait un jour une sorte
de moteur universel, qui produirait tout seul un mouvement et donc de
l'énergie
à volonté ? Ce serait à coup sûr pour l'inventeur la gloire
éternelle...
Un tel rêve peut se décliner en deux versions, finalement toutes deux
exclues, mais pour des raisons différentes.
La
première, appelée "mouvement perpétuel de première espèce",
consisterait à violer la conservation de l'énergie (loi physique
universelle, aussi appelée le premier principe de la
thermodynamique).
Un mouvement perpétuel de première espèce
est démontré impossible par la relativité générale et la physique
quantique: on ne peut pas créer de l'énergie sans l'extraire d'une des
quelconques formes qu'elle prend dans la matière ordinaire, sauf bien
sûr à l'extrare de la matière noire, mais comme celle-ci n'a pas
d'interaction connue avec la matière ordinaire, c'est pas demain la
veille qu'on pourra en faire une exploitation industrielle.
On
ne
tire jamais d'énergie de nulle part. Si vous prenez un objet,
quel qu'il soit, et même si c'est de l'uranium qui fait tourner les
centrales nucléaires, il contient une quantité finie d'énergie.
Imaginer qu'il puisse exister une machine, une mécanique classique
capable de fournir de l'énergie à volonté relève de la pure
utopie.
Il
existe aussi une idée de mouvement perpétuel de seconde espèce,
consistant à transformer l'énergie thermique en une autre forme
d'énergie, ce qui est aussi interdit, cette fois par le deuxième principe de la
thermodynamique (non-décroissance de l'entropie).
(A.Moreau) a vu une émission télévisée sur une grande chaîne
publique,
un soir de grande écoute, qui vantait l'invention d'un illuminé : il
avait
construit une mécanique qui ne s'arrêtait jamais ! Le mouvement
perpétuel !
Et on expliquait sérieusement qu'il avait beaucoup de chance que
ça soit tombé sur lui, et qu'il construisait un musée (!) du mouvement
perpétuel (qui soit dit en passant, n'avait pas l'air d'avoir pu
fonctionner
plus de deux heures). Il faut croire que personne n'avait songé à
les avertir que ce genre de lubies (relativement commune puisqu'on
trouve des tas de machines sur internet qui produisent de l'énergie
mais-
qui-n-ont-jamais-été-construites-faute-de-sous) était passée de mode
depuis la
découverte des lois de la thermodynamique ! Et que sans être
nécessairement
fou, le papi en question était fort peu au courant des théories
physiques - en tous les cas fort peu convaincu...
Du point de vue de la mécanique relativiste
La notion d'énergie, portée par tout
système physique, est définie dans les principales
théories physiques fondamentales,
de la relativité générale à
la physique quantique, bien que les détails
de sa forme mathématique diffèrent d'une
théorie à
l'autre et nécessitent une traduction. Ainsi le concept
d'énergie doit être repensé au fur et à
mesure que l'on progresse dans l'apprentissage de la physique
théorique.
Le problème est qu'à partir de la mécanique
relativiste (et donc aussi en relativité générale
et en théorie quantique des champs), l'énergie ne se
présente pas comme une simple
quantité (et encore moins comme un simple nombre) mais comme un
objet
mathématique plus compliqué. En fait, en mécanique classique ou relativiste, les quantités
suivantes ne sont que divers aspects indissociables d'une
même
réalité qui se conserve:
- l'énergie (une seule quantité, donc 1 dimension)
- l'impulsion (à 3 dimensions, correspondant aux 3
composantes de la vitesse) aussi appelée
quantité de mouvement, égale au produit de la masse d'un
objet par son vecteur vitesse
- la position du centre de gravité (à 3 dimensions)
- le moment cinétique (à 3 dimensions) comme par exemple le
mouvement de rotation de la Terre sur elle-même
La conservation de ce système de paramètre est la
conséquence nécessaire du principe de moindre action.
Ainsi considéré, leur validité dépend donc
de l'acceptation du principe de moindre action. Celui-ci se
présente comme un axiome qui en lui-même ne semble pas
logiquement exclure son éventuelle violation locale, de sorte
que la conservation de l'énergie et des autres quantités
associées n'apparaît pas encore comme une
nécessité mathématique absolue.
Mais la situation change dès qu'on aborde des théories plus élevées.
Ainsi la relativité générale s'exprime au moyen de
l'équation d'Einstein reliant l'énergie (et les autres
aspects de celle-ci suivant les directions spatio-temporelle de mesure:
quantités de mouvement et forces
si on regarde globalement, ou moment cinétique et position du
centre d'inertie si on regarde globalement) à la
géométrie de l'espace-temps. Cette équation peut
se lire comme une définition géométrique de
l'énergie, qui sans contraindre la géométrie, a
pour conséquence que l'énergie ainsi
géométriquement définie se conserve
nécessairement, suivant un théorème de
géométrie !
C'est cela qui établit la conservation de l'énergie comme une loi absolue, inviolable.
Ces
différentes quantités qui se conservent ne se séparent les
unes des autres que par une pure convention liée au point de vue de
l'observateur, tout comme l'abscisse et l'ordonnée ne sont que des
mesures conventionnelles d'un même point situé dans un plan ou dans
l'espace. En fin de compte, ce qui se conserve nécessite 10 coordonnées
pour être décrit. C'est une sorte de point dans un espace abstrait à 10
dimensions.
Pour expliquer pourquoi tout cela est indissociable, je vais prendre un
exemple appuyé sur la relativité générale.
Du point de vue d'un objet en chute libre, le haut et le bas sont
imperceptibles.
C'est
ainsi que, la station spatiale a beau être en orbite basse autour de la
Terre et ainsi subir à peu près la même accélération gravitationnelle
vers le bas que n'importe quel objet, tout se passe dedans comme si la
Terre n'était pas là. Car ce mouvement orbital est une forme de chute
libre permanente, et deux objets en chute libre en un même lieu
subissant la même accélération en première approximation, ils ne
peuvent pas détecter leur accélération en surveillant leur mouvement
l'un par rapport à l'autre. On appelle cela le principe de relativité
générale, ou principe d'équivalence.
Dans ce cadre théorique, et
en admettant la conservation de l'énergie comme une loi inviolable (ce
qu'on ne peut pas justifier avec des moyens aussi simples), croyez-vous
qu'un objet puisse modifier la position de son
centre de gravité uniquement par des mouvements internes en l'absence
de force extérieure ?
On peut montrer son impossibilité par l'absurde.
Imaginons
que ce soit possible. Je lance un objet dans le vide, pour qu'il soit
en parfaite chute libre, d'abord montant, puis retombant.
Imaginons
qu'il entreprenne en cours de route de modifier son centre de gravité,
dans une direction qui s'avère être de bas en haut par rapport à la
Terre.
Comme il ne ressent pas la gravitation terrestre, et que la
loi de conservation de l'énergie doit être valable pour lui, il ne
perçoit pas de pesanteur à laquelle il devrait résister, de sorte qu'il
n'y aucune raison que ce
déplacement lui coûte une quelconque énergie.
Imaginons qu'au moment où il l'effectue, il se trouve en fait
à la plus haute altitude de son mouvement de chute libre.
Il avait été lancé avec l'énergie
nécessaire pour atteindre une certaine altitude, et il retombe
finalement de plus haut.
On aurait alors un mouvement perpétuel de première
espèce, violant la loi de conservation de l'énergie.
En mécanique quantique
La mécanique quantique identifie l'énergie à la fréquence de la fonction d'onde du système.
S'il pouvait être facile, en mécanique relativiste sans
gravitation, de concevoir une violation locale du principe de moindre
action et donc notamment une non-conservation de l'énergie sans
contradiction logique, cela devient beaucoup plus difficile à
imaginer dans les termes de la physique quantique (dont le principe de
moindre action est une approximation). Cependant, quelques
précisions doivent être apportées.
La différence faite par le concept d'énergie en physique quantique par rapport au cas classique d'une
simple quantité, est que sa valeur peut être
indéterminée. Une des inégalités de
Heisenberg dit qu'on ne peut pas déterminer à la fois
l'énergie d'un système et le temps auquel a lieu un
évènement dans ce système. Par exemple, lorsqu'un
atome excité émet un photon, plus la fréquence de
celui-ci est précisément mesurée, moins l'instant auquel ce photon a
été émis est précisément
défini.
Lorsqu'un système a une énergie
indéterminée, et qu'on mesure cette énergie, le
résultat est aléatoire, produit par cette mesure. Cela ne
viole pas pour autant la conservation de l'énergie, car le
résultat obtenu exprime une possibilité qui existait bien
au départ suivant un scénario respectant la conservation de
l'énergie.
Ainsi, un système ayant une énergie
indéterminée, a aquis celle-ci suite à des
échanges d'énergie de montant indéterminé
avec d'autres particules ou systèmes.
En particulier, lorsqu'un un système a été
mesuré suivant un paramètre incompatible avec une
donnée d'énergie définie, à savoir qu'on a
mesuré avec une certaine précision l'instant auquel ont
lieu certains évènements dans ce système, cette
mesure a nécessité (dans la plupart des cas et notamment
lorsque le système avait une énergie
déterminée au départ) l'échange d'une
quantité indéterminée d'énergie entre
l'appareil de mesure et le système. C'est de là que vient
l'indétermination de l'énergie du système, et donc
les différentes possibilités de valeurs
ultérieurement mesurées de cette énergie.
Par exemple dans un atome d'hydrogène, si on mesure l'instant
auquel l'électron passe d'un certain côté du noyau,
alors son énergie devient indéterminée: l'atome se
retrouve dans une combinaisons d'états excités (voire
l'électron peut s'échapper).
Par contre, si un atome est dans un état excité bien
connu puis se désexcite en émettant un photon, il est
certes possible de mesurer l'instant précis auquel ce photon a
été émis. Mais alors tout dépend s'il y
avait ou non plusieurs options de désexcitations disponibles,
correspondant chacune à une énergie (fréquence)
différente d'émission du photon.
S'il n'y en avait qu'une, alors on connaît au départ
l'énergie du photon émis, de sorte que la mesure du temps
de passage de ce photon ne fait que rendre indéterminée
l'énergie du photon, tandis que celle de l'atome garde sa valeur
déterminée suite à la désexcitation. Cette
connaissance du temps précis d'émission du photon par
l'atome n'avance en rien la connaissance du temps auquel pourra avoir
lieu quelque autre évènement dans cet atome par la suite.
Mais s'il y avait plusieurs options de désexcitations et que la
mesure du temps de détection du photon est incompatible
avec la distinction de la valeur de son énergie parmi les
différentes options, alors cette énergie se trouve
effectivement indéterminée, de sorte que l'atome se
retrouve dans une combinaison d'états d'énergie
possibles, et que certaines mesures possibles de
quelque paramètre autre que l'énergie peuvent varier
au cours du temps. Par exemple, l'atome alors peut présenter un
dipôle électrique oscillant (suivant l'image intuitive
d'un électron qui tournerait autour du noyau) à la
fréquence correspondant à la différence
d'énergie entre ses niveaux possibles. Mais la mesure de la
phase de cette oscillation restera floue (sa marge d'incertitude est
large, d'environ un ou deux radians à comparer à 2pi...)
C'est par ce dipôle électrique oscillant, que l'atome peut
alors émettre un autre photon, dont la phase est ainsi
liée à ce temps quelque peu déterminé par
l'instant de détection du premier photon. Mais n'oublions pas:
une autre inégalité de Heisenberg dit que la mesure de la
phase d'une onde est incompatible avec celle de son nombre de
particules. C'est normal: la détermination d'une phase
particulière de l'oscillation du dipôle électrique
de l'atome (le fait qu'il soit par exemple orienté vers la
droite à tel instant plus probablement qu'une
demie-période plus tard) est liée à
l'indétermination du niveau d'excitation de l'atome, donc de la
question de savoir s'il émettra ou non un photon ! C'est ainsi
qu'un photon ne doit sa phase (qu'on peut voir comme une mesure de
temps à l'intérieur de sa période) qu'à ses
chances de ne pas exister... ou d'être plusieurs. Donc à
l'indétermination de l'énergie totale, produit du nombre
indéterminé de photons par l'énergie
(déterminée) de chaque photon.
Bon, cette histoire a du mal à coller à quelque chose de
pratique, car les niveaux d'énergie les plus bas
ont souvent de plus grands écarts entre eux qu'avec les
niveaux d'énergie élevés. Mais il est tout de
même possible de susciter la présence de bas niveaux
d'énergie voisins notamment à l'aide d'un champ
magnétique.
Mais ça ne marche pas pour l'état fondamental de
l'hydrogène qui est un état unique, sauf à prendre
en compte le spin de l'électron. Il y a bien aussi naturellement
pour l'hydrogène la fameuse
longueur d'onde de 21 cm liée au spin du noyau, mais dans les 2
cas cela pose des problèmes: il faudrait
contrôler les états de spin initiaux mais permettre
l'indétermination
de l'état de spin résultant de la désexcitation,
ce qui me semble
difficile à envisager...
Le mieux serait de prendre un autre atome comme par exemple le lithium
qui, sa couche fondamentale une fois remplie de 2 électrons, a
son 3ème électron capable de tourner effectivement autour
dans son état d'énergie minimal dans différentes
directions (le même niveau d'énergie peut recevoir
plusieurs doublets) (tandis que les premiers, à un seul niveau
d'énergie, ne tournent pas, ils stagnent), et donc sensible au
champ magnétique.
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