La démarche scientifique contre la zététique


Le caractère postmoderniste du mouvement zététique

L'auteur du "Blog de la Science et de la Raison" rejette tout propos des "tenants" comme étant assimilable, d'après lui, à des propos qui ne seraient pas rationnels. Sans preuve, il les amalgame, entre autres, au postmodernisme.

Or, justement, si on examine les caractères principaux de l'oppostion entre rationalisme et postmodernisme, on peut constater que ce sont les "sceptiques" eux-mêmes qui violent les principes de la rationalité et développent une pensée de type post-moderne. Ce sont donc eux-mêmes qui se livrent aux tares qu'ils reprochent - à tort - à leurs contradicteurs.

Exemples:

- "Le postmodernisme estime que tout discours est d'une quelconque façon politique, et cherche à utiliser l'Université à des fins politiques favorables plutôt que répressives". Voilà bien une description du mouvement zététique, toujours prompt à accuser par définition de partisanerie la discipline de la parapsychologie (alors qu'en réalité il s'y trouve des scientifiques de toutes convictions personnelles) ainsi que tout désaccord avec leurs vues, et à regarder l'approche zététicienne de l'esprit critique et la dénégation des preuves de l'existence du psi comme une cause militante à laquelle l'Université doit participer !

Ainsi, parmi les principes de rationalité développés dans ce texte, se trouve: "les représentations sont développées par des chercheurs particuliers, qui sont sujets aux limites habituelles (...). Elles sont réalisées pour toutes sortes de motifs de la part de leurs protagonistes (...). Mais si les théories se proposent de décrire avec précision une réalité qui existe de manière indépendante, tout cela n'a en fin de compte aucune importance. La vérité ou la fausseté objective des affirmations est totalement indépendante des motifs, de la moralité, ou même du genre, de la race et de l'origine ethnique de celui qui les produit (...) Une stratégie argumentaire courante chez ceux qui rejettent la tradition rationaliste occidentale consiste à mettre en cause certaines affirmations qu'ils trouvent contestables en récusant celui qui les produit. Ainsi,une assertion et son protagoniste seront qualifiés de racistes, sexistes,(...) etc. Ces récusations n'impressionnent pas ceux qui soutiennent la conception traditionnelle de la rationalité. Pour eux, au mieux, cela n'a rien à voir et ce genre d'attitude porte un nom. Cela s'appelle habituellement argument ad hominem et fausseté originelle [genetic fallacy]. Un argument ad hominem est dirigé contre la personne qui présente un point de vue plutôt que contre l'opinion elle-même (...) Le fait que toute l'entreprise de formulation et de validation d'une affirmation peut avoir été réalisée par un raciste ou par un sexiste est tout simplement sans objet pour ce qui concerne la validité de l'affirmation". De la même manière, le marxisme qui rejette la théorie économique classique comme "science bourgeoise" ou quelque chose comme ça.

A comparer à ce que les zététiciens considérent comme argument dirimant, qui clot tout débat:<< "qui rapporte l'information" est une donnée essentielle >>, le fait que l'interlocuteur soit en relation privilégiée avec une "partie prenante dans le débat" (alors qu'il n'y est pas question d'informations sur des nouvelles données d'observation exclusives, mais d'articles argumentaires fondés sur des sources extérieures). La définition de "psiphile" ci-dessus est symptomatique. Et la pratique généralisée des attaques personnelles auquelles les zététiciens se livrent face à leurs contradicteurs.

Autre point : "La logique ne vous dit pas par elle-même ce qu'il faut croire. Elle établit seulement ce qu'il en est lorsque vos hypothèses sont vraies (...) La rationalité comme telle n'effectue aucune affirmation substantielle."

Et encore : "De nombreuses propositions multiculturalistes en faveur d'une réforme universitaire, par exemple, impliquent une redéfinition subtile de l'idée même de "sujet universitaire", depuis son sens de domaine à étudier, vers celui de cause à faire avancer (...) Les nouveaux départements conçoivent souvent leurs propres objectifs, tout au moins en partie, comme l'avancement de certaines causes morales ou politiques (...). Et ce glissement, depuis la conception territoriale d'un département universitaire à une conception d'allure morale, possède des conséquences profondes. Ainsi, traditionnellement, l'engagement envers l'objectivité et la vérité était supposé rendre un étudiant capable d'enseigner dans un domaine, quelles que soient ses attitudes morales envers ce domaine. Vous n'aviez pas besoin, par exemple, d'être platonicien pour effectuer un bon travail d'enseignement sur Platon, ou d'être marxiste pour faire un bon cours sur Marx. Mais une fois que les croyances en l'objectivité et la vérité sont abandonnées et que la transformation politique est acceptée en tant qu'objectif, il semble alors que la personne adéquate pour enseigner les Women's studies doive être une féministe politiquement active."

"Si l'on abandonne l'engagement envers la vérité et la qualité intellectuelle, qui constitue le coeur même de la tradition rationaliste occidentale, il paraît alors arbitraire et élitiste de penser que certains livres sont supérieurs à d'autres sur le plan intellectuel, que certaines théories sont tout simplement vraies et d'autres fausses, et que certaines cultures ont engendré des produits culturels plus importants que d'autres (...) un texte quelconque est simplement un texte comme tous les autres". A comparer à l'amateurisme des expériences de l'OZ décrétées a priori aussi valables et "scientifiques" parce que "suivant la méthode scientifique", et donc aussi supposément représentatives de la possibilité de détecter ou non le psi scientifiquement, qu'ont pu l'être n'importe quelles autres recherches scientifiques sur le sujet, sur lesquelles on ne cherche pas à se renseigner. Alors que, d'après pseudo-scepticisme.com, ces expériences de l'OZ étant déconnectées d'avec le corpus de la science parapsychologique déjà développée, leur valeur scientifique (leur contribution à connaissance) est très médiocre et ne mérite pas la reconnaissance des pairs.

"Nous devrions plutôt, selon [des philosophes postmodernistes], penser que la science en général et le langage en particulier nous fournissent un ensemble de dispositifs pour affronter la réalité et nous tirer d'affaire"

Une conclusion s'impose pour moi : le mouvement zététique est post-moderniste et antirationnel jusqu'au cou.


Des liens ambigus avec le climato-scepticisme

Petit écho d'une situation pleine d'ambiguités...
éloquente sur la mentalité des fans des revues sceptiques dans le monde anglo-saxon.
Le climato-scepticisme ayant été effectivement pratiqué par le Cercle zététique (voir ci-dessous).
La parenté idéologique entre scepticisme du paranormal et scepticisme climatique est naturelle, au fond: c'est la même mentalité appliquée à deux sujets semblables.
Voir mes quelques réflexions en réponse à l'idéologie climato-sceptique. Idéologie qui prétend que la doctrine du réchauffement climatique serait aussi intrinsèquement antilibérale, un complot de chercheurs fonctionnaires au service de l'Etat en quête de crédits et visant à discréditer le libéralisme, et qu'il faut donc la combattre au nom de la défense des libertés individuelles car la liberté et l'exploitation des ressources à gogo ont toujours été une force de progrès du bien-être de tous, de sorte qu'il n'y a aucune raison que cela change subitement ;)
Stratégie de fuite en avant dans la dénégation de ce qui semble dérangeant à première vue, mais réaction multiplement contre-productive.
Car non seulement la physique du climat n'a pas été créée exprès par Dieu pour toujours donner raison aux économistes libéraux, même si les solutions classiques de libre marché peuvent avoir bien des vertus en matière économique par ailleurs, et si les libertés individuelles méritent réellement d'être défendues. Mais un examen plus approfondi de la question peut montrer que la prise en compte de la nouvelle situation par passage à une fiscalité verte, peut améliorer la réalité des libertés et du dynamisme économiques (allégeant le fardeau fiscal habituel économiquement sclérosant), à la différence de la ligne de défense climato-sceptique qui ne faisait que défendre l'idéologie libérale (ou plutôt s'auto-persuader qu'on la défend, en ne faisant qu'asséner des préjugés d'une manière qui ne convaincra en fait que soi-même) dans les strictes limites de la bulle des batailles de croyances idéologiques sans perspectives de bénéfices réels sur la liberté individuelle. Sans parler de la défaite morale programmée d'une démarche idéologique qui pour se promouvoir, ne trouve rien de mieux à faire que de justifier un négationisme et une continuation d'actes en passe de s'avérer à l'évidence lourdement destructeurs des conditions de vie des générations futures.
Dois-je rappeler que mes réflexions politiques sont orientées vers un libéralisme radical et révolutionnaire. Seulement, une bonne promotion du libéralisme est une promotion du libéralisme qui pour exister n'a pas besoin de se fonder sur la promotion de l'obscurantisme vis-à-vis de réalités extérieures à son domaine d'étude.

Or, c'est bien un schéma d'aberrations plus ou moins comparable et tout aussi monumental, qu'on retrouve dans l'entreprise de la zététique.
Signalons aussi que les débats sur le climat ont fait rage dans le forum de l'Observatoire Zététique.

Un art ou une science ?

« La zététique est une discipline qui peut se voir comme l'art de développer l'esprit critique »

Pourtant, il y a une catégorie sciences/zetetique dans l'annuaire dmoz. N'est-ce pas abusif ?

D'après ce site de la fête de la science, qui présente la chose de manière approbative:

"La ZETETIQUE, "l'Art du Doute", utilise le SUPPORT des phénomènes dits paranormaux avec pour OBJECTIF la sensibilisation du public à la méthodologie scientifique."

En clair: utiliser un objet réel comme prétexte, quitte à dire à son sujet tous les mensonges du monde sans pouvoir être critiqué pour cela (toute critique sur le plan de la réalité des faits étant considérée irrecevable par définition puisque ce n'est pas la réalité qui nous intéresse, mais la pédgogie), pour poursuivre un but ultime, non pas de l'ordre de la science ou de la raison, mais de l'ordre de la SENSIBILISATION. C'est donc bel et bien une oeuvre religieuse prosélyte qui se moque de la raison et qui ne s'intéresse qu'à développer des passions pour elles-mêmes.

Tantôt, en façade, la zététique se définit comme confondue avec la démarche scientifique; tantôt, quand de vrais chercheurs en parapsychologie viennent essayer de travailler scientifiquement avec les zététiciens, ils rejettent directement cette démache au profit d'objectifs purement pédagogistes. Il faudrait savoir.

Les cordonniers sont les plus mal chaussés

La meilleure démarche scientifique n'est-elle pas celle qui est, si ce n'est innée, du moins s'aquiérant naturellement par l'expérience de la recherche sur des sujets concrets, procurant l'entraînement à se rendre compte des raisonnements valides et de ceux qui ne le sont pas, et surtout à le faire à propos. N'avoir pas su y parvenir naturellement mais avoir besoin de recevoir la béquille d'un cours explicite à ce sujet, n'est-il pas le signe qu'à la base on est handicapé. 

Bon, ça a déjà été expliqué:

"Comment imaginer que des auteurs qui s’interrogent autant, mettent autant le doute en avant, et vont même jusqu’à repérer un doute de mauvaise qualité chez autrui, pourraient ne pas proposer une lecture objective de ces questions ? C’est là, il faut le reconnaître, le véritable coup de génie des sceptiques en général, et des sceptiques français plus particulièrement. Il s’agit d’une mise en scène perfectionnée que l’ont peut ainsi résumer : le meilleur moyen de laisser penser que vous êtes l’inverse de ce que vous êtes consiste à tout simplement proclamer que vous êtes l’inverse de ce que vous êtes. C’est ce qu’on pourrait l’appeler la « stratégie McDonald ». (...) En zététique, cela devient, nous souhaitons vendre au maximum notre certitude de la non existence des phénomènes paranormaux, mais nous savons que cette question ne nous intéresse pas vraiment et que nous ne faisons pas de recherche scientifique sur le sujet. Mais, il est essentiel que la réalité ne soit pas dévoilée. (...) C’est probablement cette certitude d’être constamment dans le doute qui conduit au fait qu’aucun de ces étudiants, pourtant de niveau doctorat, ne s’est interrogé sur ce qu’ils avaient écrit (...). Certains sceptiques s’en rendent parfois compte, après quelques années, mais la grande majorité n’ira jamais vérifier les travaux scientifiques. Pourtant, ces personnes souhaitent au départ défendre une pensée scientifique de qualité. C’est en particulier le cas dans ce dossier de CIES. Ces jeunes doctorants ont un objectif noble : favoriser l’esprit critique et permettre la diffusion de la pensée scientifique. Malheureusement, les procédés qu’ils utilisent et l’utilisation du « paranormal » comme support, les conduit à des formes de déni très élaborées. Ils finissent ainsi par proposer un exemple à l’opposé de l’objectif initial qui était de promouvoir l’esprit critique."


La confusion entre science et vulgarisation - professionalisme contre amateurisme

Qu'est-ce que la démarche scientifique, si ce n'est l'effort poussé d'étudier un objet de manière suffisamment précise et adéquate pour parvenir à le connaître vraiment. Pas de manière vague et incertaine, mais de manière aussi précise et fiable que faire se peut, dans la mesure que requiert l'objet pour éviter autant que possible tout risque d'erreur.
Alors, bien sûr, le niveau de professionalisme requis dépend de l'objet étudié. Certains objets sont faciles, d'autre plus difficiles, et d'autres encore plus ou moins hors de portée, requiérant des appareillages d'étude toujours plus poussés.

Et pour mener à bien la démarche scientifique, il est donc souvent nécessaire de se professionaliser et de se spécialiser, jusqu'à, eh oui, parfois avoir réellement besoin de se construire des tours d'ivoire, par lesquelles on peut enfin travailler sérieusement et tranquillement entre experts, et ne plus perdre son temps à pédaler dans le non-sens du brouhaha dans lequel un public plus large voudrait faire piétiner les discussions de manière incompatible avec la rigueur nécessaire pour permettre aux connaissances de réellement progresser.
Alors bien sûr, cette méthode de la tour d'ivoire pour permettre aux recherches de se mener à bien, n'empêche pas par ailleurs de communiquer ensuite au public les conclusion de ces recherches. Seulement, cette communication doit normalement se faire à sens unique, et ne relève plus de la démache scientifique. Puisque c'est de la vulgarisation et non plus de la science. C'est une démache dans laquelle l'auditeur n'a pas les moyens de contrôler scientifiquement la validité de ce qu'on lui dit.
Parce qu'une telle vérification serait trop difficile pour ses moyens personnels.
Or, dans de telles conditions, prétendre lui montrer la démarche scientifique en oeuvre, est tout simplement un mensonge.
Bien sûr, ça ne veut pas dire non plus que la démarche scientifique est nécessairement une chose hors de portée des auditeurs. Ca veut seulement dire qui si on veut les entraîner à la démarche scientifique, alors on peut le faire mais à condition pour cela de choisir un autre objet d'étude, plus simple, qui soit véritablement à leur portée, qui puisse être véritablement compris par les moyens qu'on propose de déployer.
Or, ce n'est pas à nous de décider si un objet est ou non abordable suivant un niveau donné de puissance d'approche, par un public donné, mais c'est au réel, et à la difficulté intrinsèque de l'objet, de le décider. Quand bien même le public serait, de fait, déjà aux prises avec cet objet. Certes il y a bien sûr des exemples ponctuels de prétentions bidons dans le registre paranormal que la démarche scientifique peut utilement déjouer à un niveau élémentaire. Le problème est dans l'extrapolation de ces exemples en une généralité.

Or, c'est justement un coup hyperclassique de nombre de pseudo-sciences, que d'entretenir la confusion entre science et vulgarisation, et en se faisant fort de reprendre le corpus et le langage de la science vulgarisée, de venir y inventer des remises en question bidon, et y déployer des argumentations d'apparence scientifique, seulement plus visiblement scientifiques que ce qu'il y avait d'apparemment scientifique dans la présentation de conclusions scientifiques vulgarisées, mais qui ont l'art de tourner la vraie science en ridicule comme si elle n'était pas scientifique, aux yeux d'un certain public. Parmi tant d'exemples il y a eu notamment aux USA le révisionnisme climatique de Lomborg, "The Skeptical Environmentalist" (sic), un des plus grands best-sellers de tous les temps (après la Bible évidemment), et en France, la relativité d'échelle de Laurent Notale.

De même il faut se méfier des entreprises visant à tenter d'inculquer au public des exercices de singeries de la science, qui au prétexte de les déliverer de certaines pseudo-sciences, risquent justement de les préparer à se faire berner par d'autres pseudo-sciences qui auraient l'art de se faire passer pour plus scientifiques que la vraie science. D'ailleurs, la zététique n'est-elle pas la première d'entre elles ?

Car il faut bien voir ce qu'il y a de profondément commun et de profondément scientifique qui unit la recherche type "tour d'ivoire" et la démarche de vulgarisation, qui permet de les ranger toutes deux dans le registre de la science, tandis que toutes les singeries de science comme la zététique qui prétendent faire de la science populaire avec les outils de vulgarisation sur des objets qui ne le permettent pas, sont à garder soigneusement au-dehors. C'est que recherche et vulgarisation posent toutes deux comme priorité suprême l'objectif de conformité des affirmations à la réalité de l'objet discuté, objectif commun que le différent contexte pratique dans lequel elles s'inscrivent, les obligent à opter pour des méthodes d'accomplissement différentes. Des méthodes différentes unies pour un même objectif : se mettre au service de la réalité de l'objet.

Tandis que la zététique se moque de la réalité de son objet et ne s'y intéresse que comme prétexte au service de sa méthod(idé)ologie.

L'accumulation des connaissances

Une caractéristique générale des sciences est leur accumulation de connaissances.
Les découvertes, petites et grandes, dans tous les domines scientifiques, s'accumulent par milliers, par millions, par milliards et encore plus. Elles remplissent les bibliothèques universitaires, jusqu'aux disques durs des ordinateurs, qui ne seront jamais trop puissants pour contenir tout ce que les sciences auront besoin d'y mettre, de la génétique à la physique des particules et à l'astronomie.

A côté de cela, quelles connaissances ont été obtenues par les zététiciens ?
Zéro, que dalle, niet.
Ils se sont contentés de brandir fièrement quelques malheureuses dizaines d'expériences non concluantes réalisées comme des amateurs, tout ça pour officiellement essayer d'approcher une seule question : le paranormal existe-t-il, oui ou non.
Donc après un certain nombre de soi-disantes recherches, ils concluent officiellement qu'ils ne voient pas de phénomènes paranormaux, cependant cela ne montre pas non plus qu'ils n'existent pas, de sorte que chacun peut tranquillement repartir avec les mêmes convictions qu'il avait à l'entrée.

Ainsi la parapsychologie scientifique fait un travail patient et cumulatif d'observation et de classification de ce qui ne donne pas de résultat et de ce qui apparaît plus ou moins fructueux, en sorte d'accumuler les connaissances et de construire dessus.

La zététique, par contre, a beau faire des expériences, ne cherche pas à en tirer de connaissance, ou seulement de façon partielle et incomplète. Ni de ses propres expériences, ni de celles des autres. Et à chaque fois qu'il est question d'envisager une nouvelle expérience, on repart à zéro comme si aucune expérience n'avait jamais été faite. Ainsi la zététique a beau faire semblant de chercher, elle ne cherche nullement à connaître et à progresser. Sa méthode c'est de piétiner, de travailler à connaissance zéro. C'est la méthode de la table rase permanente, de la naïveté perpétuelle, de l'infantilisme généralisé.

La zététique n'est que l'art de congratuler le nombril de la zététique elle-même

Et quelle est en fin de compte la seule chose qu'ils accumulent dans tout ça ? Simplement, une espèce d'auto-congratulation d'une prétendue démarche rationnelle qui ne travaille finalement qu'au service de sa propre congratulation nombriliste, et ne s'intéresse qu'accessoirement aux expériences réelles que comme prétexte à sa démarche. Et elle se glorifie d'autant plus puissamment qu'elle échoue misérablement à faire progresser la connaissance du monde réel extérieur.
Car le nombrilisme d'une démarche et de ses valeurs qui n'utilise les choses extérieures que comme prétextes au service de sa propre glorification en tant que démarche prise comme une fin en soi,, normalement, ce n'est pas de la science, mais de la spiritualité.
Tout comme cette autre auto-congratulation nombriliste traditionnelle à laquelle finit plus ou mois par se réduire la discipline de la philosophie officielle qui, bien souvent hélas, ne sait pas faire grand-chose d'autre que de se présenter à elle-même comme la reine de la pensée, ce en quoi elle n'est finalement elle-même qu'un recyclage de semblables pratiques traditionnelles des spiritualités toutes plus spirituelles les unes que les autres, et des religions toutes plus fidèles au vrai Dieu les unes que les autres.

A l'inverse, la vraie démarche scientifique est celle qui se déploie au service, non de valeurs mais de connaissances, et non d'elle-même mais de réalités extérieures.

De l'essentialisme de la notion d'extraordinaire - le coeur du problème ?

Lorsque les zététiciens viennent exiger des "preuves extraordinaires" d'affirmations du "paranormal", ce sont bien eux qui qualifient ces affirmations d'extraordinaires, et qui qualifient de paranormaux les phénomènes relatés.
Pour pouvoir se permettre d'être si exigents et mettre en avant une flagrante dissymétrie de situation pouvant seule justifier une si grossière dissymétrie en matière de charge de preuve, entre d'un côté les connaissnces établies, de l'autre côté une quelconque fantaisie, il faudrait se baser sur des principes clairs, fondés sur le corpus de connaissances scientifiques établi, d'après lesquels la notion de normalité ait un sens.
Il faudrait que ce corpus de connaissances établies, soit capable de différencer clairement ce qu'on doit attendre comme normal, de ce qui ne le serait pas.
Pour cela, dans l'idéal il faudrait déjà disposer d'une théorie du Tout. On en est loin, mais en fait, très probablement, ce pas exactement là qu'est le problème. Car ce qu'on cherche comme théorie du tout vise à combler des lacunes dans nos connaissances de la physique certes passionnantes mais qui ont peu de chance d'avoir quelque retombée significative dans le domaine du paranormale. Car cette recherche d'une "théorie du tout", n'a pas pour objectif de rendre vraiment compte de tout le réel, mais fait à la base l'impasse sur la question de la mesure quantique, qui probablement restera intacte. Et c'est justement par là que se trouve l'ouverture béante, que les physiciens connaissent très bien, justement adéquate à la possibilité d'envisager que cela soit le lieu d'interaction entre matière et esprit. Comment diable prétendre rejeter une telle hypothèse comme extraordinaire, alors qu'il n'y a de fait aucune normalité établie sur ce point. En effet, d'après John Baez: (en anglais : "argument" = dispute)

"How should we think about quantum mechanics?  For example, what is meant by a "measurement" in quantum mechanics?  Does "wavefunction collapse" actually happen as a physical process?  If so, how, and under what conditions?  If not, what happens instead?


Many physicists think these issues are settled, at least for most practical purposes.  However, some still think the last word has not been heard.  Asking about this topic in a roomful of physicists is the best way to start an argument, unless they all say "Oh no, not that again!".  There are many books to read on this subject, but most of them disagree."


Si on voulait être totalement normal et croire à nos équations physiques jusqu'au bout, ces équations nous mèneraient plus ou moins inévitablement à la théorie d'Everett des mondes multiples, qui se divisent en scénarios divergents des millions de fois par seconde ou des choses de ce genre. Est-ce vraiment la vision du monde que veut promouvoir l'oz ?
Dans le cas contraire, on doit admettre qu'il y a des choses bizarres, que la réduction du paquet d'onde garde sa part de mystère, qu'on ne sait pas exactement de quelle manière la multiplicité des possibles se réduit en un scénario unique, parce que toute tentative de réponse à cette question est problématique. Que reste-t-il alors d'extravagant à entreprendre des expériences poussées sur le hasard quantique, pour essayer de traquer les traces de déviances par rapport à un "modèle idéal" que l'on considère pertinemment comme faux, et le faisant suivant un fil directeur d'hypothèse d'un lien avec la conscience, hypothèse qui de fait vient se présenter de manière naturelle et pertinente au point de rendre le sujet moins irréductiblement problématique en principe qu'il ne parassait autrement ?
Donc, faute d'essentialisme d'une distinction claire possible entre normal et paranormal, comment prétendre se baser sur ce néant pour justifier un essentialisme de à qui doit revenir la charge de la preuve ?

Mais au fait, quand bien même ce serait des choses extraordinaires, en quoi cela justifierait-il moindrement, de la part de scientifiques, de rester passifs en exigeant un investissement scientifique d'établissement de preuves de la part de gens témoins de ces choses ?

On pourrait comparer cela au scepticisme initial de la communauté scientifique vis-à-vis des témoignages de chutes de météorites. Des pierres qui tombent du ciel, c'était des évènement extraordinaires. Aurait-ce été une démarche scientifique saine que d'exiger passivement des paysans qui ont vu les pierres tomber, de s'investir dans l'établissement de preuves que ces pierres étaient effectivement tombées du ciel (la première analyse chimique trop rudimentaire n'ayant pas donné de preuve assez flagrante de l'origine extraterrestre de ces pierres) ?
Comme si ces paysans en faisaient exprès d'avoir la lubie d'inventer leur vision des pierres tombant du ciel rien que pour embêter les scientifiques ancrés dans leurs convictions.

Bon, une petite réflexion sur ce qui pourrait être un des coeurs de la polémique (sûrement que ça a déjà été dit par d'autres, mais bon):
La démarche qui consiste proclamer que "les affirmations extraordinaires nécessitent des preuves extraordinaires", n'est-elle pas, en fin de compte, rien qu'un propos dont le principal constituant est un constituant implicite, autrement dit inavoué à soi-même (mais le plus souvent grossier et évident et donc vain aux yeux d'autrui), qui consiste à mettre en avant certains présupposés, à savoir des présupposés suivant lesquels certaines hypothèses particulières (à spécifier) seraient des hypothèses extraordinaires = de plausibilité antérieure quasi-nulle.
Or, le fait de mettre en avant une certaine position sur le registre de la plausibilité antérieure, dans la mesure surtout où cette mise en avant d'une telle position se fait de manière implicite sans le moindre argument, ne constitue nullement un travail scientifique, et par conséquent ne saurait décemment constituer la moindre avancée en mesure de convaincre quiconque de quoi que ce soit par les voies de la raison.

Déséquilibrer la charge de la preuve en la renvoyant sur l'autre est indigne d'une science debout

...

De quel côté est la transcendance

Par leur manière de proclamer leur vision du monde, les zététiciens sont en plein dans l'erreur, très loin de la science véritable et complètement conditionnés par les thèses religieuses elles-mêmes dont la vision du monde est somme toute fondamantalement semblable à la leur.
Précisément en effet, les religions se font l'étendard d'une vision du monde suivant laquelle il y aurait d'un côté la raison humaine symbole de la normalité, des choses concrètes, du train-train quotidien planté dans ses habitudes et dans la répétition des choses banales à l'image d'un arbre solidement planté dans la terre, tandis que la spiritualité, avec ses manières de penser non-rationnelles, s'affranchissant des schémas limités d'une logique binaire terrestre, serait la voie d'échappement de l'esprit vers la transcendance, vers les choses de l'esprit, les choses supérieures.
Ces thèses religieuses, fondées en définitive depuis toujours sur le présupposé que leur vision du monde est la seule possible, pour donner de la raison humaine une image basse, fermée et négative, présupposé passivement fondé et justifié par l'absence de toute occasion d'imaginer les choses autrement, ne rêvent pas mieux que de voir dans le camp adverse, de prétendus porte-paroles de la raison venant jouer le rôle du parfait épouvantail, confirmant leurs thèses en répandant pour leur part une vision de la science bornée et limitée, finalement conforme à que ce que les religions avaient déjà proclamé depuis des millénaires. C'est ainsi que la zététique vient jouer le rôle du parfait épouvantail jouant contre son propre camp, à faire fuir le peuple loin de toute confiance et de tout intérêt envers tout ce qui pourra venir se présenter comme de la raison et de la science.

Or, il y a une chose qui, bien qu'étant en réalité un phénomène d'une ampleur considérable, est quasiment passée inaperçue relativement à la culture générale du public.
C'est que la science telle qu'elle s'est effectivement développée, se trouve à bien des égards révéler un état de choses aux antipodes complets de ce schéma.
Que, si l'on veut employer l'allégorie de la caverne de Platon pour décrire la situation du débat philosophique actuel (et de fait c'est bien une description pertinente) et si l'on veut là-dedans préciser qui sont ceux qui sont restés prisonniers immobiles les yeux fixés sur les ombres, et d'autre part qui sont ceux qui se sont libérés pour découvrir la lumière du jour véritable et très différente des impressions initiales, c'est bien précisément la communauté scientifique qui constitue le groupe de gens libérés en route vers la lumière, tandis que tous les gourous, religieux et prétendus maîtres de spiritualité de toutes obédiences sont restés misérablement plantés les yeux sur les ombres.
Que si en cette vie terrestre il y a quelque chose qui a le pouvoir de transcender les limites du monde "normal" et de l'ignorance ordinaire c'est précisément la science, tandis que toutes les démarches "spirituelles" du monde restent pitoyablement enfermées dedans.

Mais, demandera-t-on, dans quel univers les scientifiques ont-ils bien pu s'enfuir ainsi, sans crier gare ?
Certes ils ont habituellement bien mieux à faire que de crier leur victoire à ceux qui restent plantés derrière et qui de toute façon ne sont pas disposés à y capter quelque chose, contrairement aux Maîtres de Spiritualité qui ne savent rien faire de mieux que de chanter sur tous les tons leurs rêves d'échappement de manière à se faire bien voir de ceux qui entretiennent le même rêve qu'eux.

Eh bien, vous n'avez qu'à essayer de lire, parmi tant d'autres possibilités (j'en citerai seulement quelques petits exemples que j'ai vu passer de loin, sans aucune prétention d'exhaustivité) un cours de logique au sujet du forcing, ou un cours de topologie au sujet de la K-théorie, un cours de topologie de Milnor, un cours de théorie quantique des champs par un grand spécialiste du sujet, ou un exposé du concept de supersymétrie.
Et si jamais vous avez la chance d'arriver à en capter quelque chose, même de loin (ce qui n'est déjà pas une mince affaire, attention), même en se contentant comme moi d'une faible lueur de compréhension très loin d'une quelconque capacité de vérification et de maîtrise des sujets, vous découvrirez alors enfin comment votre cerveau va exploser les limites de l'univers auquel vous aviez cru jusque-là.



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