Qu'est-ce que la science ?
Critique de ce corrigé
de philosophie sur la science. L'auteur s'est défendu en
disant que son but n'était pas de faire quelque chose qui tienne
la route mais seulement plus modestement de faire comprendre à
ses malheureux élèves de terminale que, contrairement
à ce qu'on raconte à la télé, l'astrologie
ou autres choses de la même veine, n'est pas une science.
Néanmoins, je pense que mon analyse garde son
intérêt.
«Qui
est habilité à parler de la science ?
1) Est-ce le scientifique ?
Jamais un savant, en tant que savant,
ne nous dira ce qu'est la
science.»
En réaction à cela j'ai rédigé ce qui suit,
en fait ça rejoint ce que vous écrivez ensuite, mais...
voir plus bas.
Certes il n'est pas fréquent qu'un savant prenne la peine de
s'efforcer à expliquer à l'usage de tout un chacun quelle
est la nature de sa démarche et de sa discipline. Il ne faut pas
confondre entre ce qu'on sait et ce qu'on dit, et dans ce qu'on dit,
entre ce qu'on dit à l'usage des uns et
à l'usage des autres.
Un scientifique qui enseigne transmet dans son enseignement
l'exposé des concepts, de leur signification, et la
démarche employée à justifier chaque étape
de la construction théorique; il est malaisé d'exposer
tous les détails des justifications expérimentales des
théories à cause de leur nombre et de leur
complexité qui dépassent ce qu'il est humainement
possible d'exposer dans un cours; ou en mathématique le
bien-fondé, la pertinence ou l'utilité de tel concept,
parce que cela repose sur la connaissance qu'on a du fait que cela
permet d'arriver ensuite aux notions plus complexes voulues.Ainsi,
à la base, la science est quelque chose qui se vit et qui se
pratique. Quand on l'apprend et la pratique, la science est quelque
chose qui se vit et se comprend intuitivement, comme n'importe quel
métier qui est bien compris seulement des gens qui ont
l'expérience du
métier.
Vous voudriez qu'on vous «dise ce qu'est la science». Vous
voudriez
l'enfermer dans une définition simpliste et réductrice,
qu'il suffise à n'importe quel philosophe de base ne connaissant
rien aux sciences de lire pour
pouvoir dire «Ceci est de la science. Appliquant bêtement
cette
définition je sais distinguer une vraie science d'une
fausse«.
«Un
géomètre pourrait dire ce qu'est la
géométrie mais pas ce qu'est la science. Une science peut
au maximum fournir son propre concept mais pas davantage. Le concept de
science n'est pas scientifique. Une science particulière ne peut
juger des autres disciplines et ne peut dire si elles sont
scientifiques. Une science particulière ne montre jamais ce
qu'est la science en général. Il est nécessaire de
les connaître toutes et de les comparer.»
Certes, pour se faire une opinion juste d'un vaste ensemble de choses
il est nécessaire d'avoir plus ou moins un aperçu de ces
choses. Néanmoins, la connaissance approfondie d'une science en
particulier peut servir d'exemple pour avoir une idée certes
imprécise mais quand
même pas trop mauvaise de ce que d'autres sciences peuvent
être. Il y a une forme de démarche, un art de structurer
sa pensée, qui est plus ou moins commune à diverses
sciences, et la développer sur un exemple peut
permettre de la deviner de loin sur d'autres.
Par contre, le lien de cet argument à sa conclusion me semble
plus que douteux. J'en tirerais une conclusion très
différente: si même la connaissance d'une science, tel que
cela se pratique, ne suffit pas à se faire des idées
précises de ce que sont les sciences en général,
puisque seul le spécialiste d'un domaine est capable de bien
parler de sa spécialité, cela signifie que le but que
vous visez par votre question est herculéen, hors de
portée de l'intelligence d'un seul homme.
«Il
est nécessaire de les connaître toutes et de les
comparer»
Justement donc un philosophe non scientifique ne peut pas les
connaître toutes puisqu'il n'en connaît aucune. Il peut
donc encore moins les comparer.
«Le concept de science n'est
pas scientifique» ?
Avant de s'interroger sur les propriétés du
«concept de science>> il faudrait savoir si un tel concept
existe. Or l'argument ci-dessus montre le contenu réel sous le
mot «science« risque d'être trop vaste dans son
contenu pour
être appelé un concept; bien sûr il se
caractérise vu de loin en tant que phénomène
sociologique global, «ce qui fait progresser
l'économie« par
exemple.
Ensuite, dans la mesure où il pourrait exister un concept de
science, serait-il scientifique ?
Je ne vois pas en quoi il ne le serait pas.
Car parler de «concept» signifie parler de
«compréhension», et
comprendre une science c'est la pratiquer. Il serait à mon avis
une erreur de croire d'une part qu'une science puisse se
développer sans passer par son propre concept, puisque faute de
comprendre ce qu'on fait, tels des machines appliquant une règle
de travail sans avoir réfléchi dessus, on ne tarderait
pas à rester très souvent bloqué dans
l'impossibilité de pratiquer la discipline en question, pour des
raisons toujours nouvelles.
D'autre part, que le concept d'une science puisse exister
indépendamment des développements effectifs de la science
en question.Et ce, pour la même raison, à savoir que la
question du sens de la démarche auquel on est confronté
et qu'il est nécessaire de résoudre pour continuer
à avancer n'est pas donné a priori mais émerge a
postériori au fur et à mesure qu'on prend connaissance du
contenu de cette science dans ses développements.
«Une
science particulière ne peut juger des autres
disciplines et ne peut dire si elles sont scientifiques.»
Il existe aussi des interdisciplinarités, des connections
effectives entre les contenus des différentes sciences. Savoir
situer différentes sciences les unes par rapport aux autres et
avoir une idée de leurs connections, fait partie du minimum
vital d'un scientifique. L'observation du bon fondement de sa propre
discipline permet, à travers ces connections, de se faire une
petite idée de la nature et du bon fondement d'autres
disciplines. Cela peut permet aussi de déjouer des fausses
sciences, observant l'incompatibilité de ses connaissances avec
les propos qui s'avèrent incompatibles à travers ces
connections.
«la
philosophie, c'est aussi l'épistémologie et,
ici, le philosophe est habilité à parler de la science
puisqu'il réfléchit sur l'ensemble des sciences en
fonction de critères rationnels.»
Je veux bien accorder un certain crédit à
l'épistémologie, qui dans sa forme
développée (je pense à une conférence de JM
Lévy-Leblond) arrive à dire des choses sensées et
pertinentes, mais bien sûr cela repose sur les connaissances
scientifiques de l'auteur du discours en question.
Ce sont des choses sensées certes, mais pas forcément
plus puissantes ni supérieures en comparaison (en proportion de
l'effort intellectuel fourni) des contenus scientifiques
eux-mêmes. Par l'épistémologie on peut
éventuellement analyser un problème ou une crise dans
l'évolution d'une science, mais cela n'a que peu de chance
d'aider à résoudre le problème mieux que les
scientifiques eux-mêmes.
De là à raconter aux élèves de terminale
qu'ils pensent les sciences parce qu'ils font des dissertations de
philosophie, il y a un gouffre.
Le philosophe a l'art de raconter en long, en large et en travers qu'il
cherche à réfléchir là-dessus (ou sur
d'autres sujets) de manière rationnelle. Il le raconte avec un
tel art, qu'il arrive à dissimuler subtilement quelques trous
dans sa démonstration, en sorte d'arriver à passer devant
qui veut bien l'entendre pour celui qui s'est le mieux efforcé
à étudier son objet de manière rationnelle.
Or il serait injuste de croire qu'après un tel
déploiement d'effort on n'y soit pas arrivé. Donc on y
est arrivé CQFD.
Non non, tout cela me fait bien rigoler.
Veut-on vraiment étudier l'ensemble des sciences suivant des
critères rationnels ?
Le dire c'est bien; le faire c'est mieux.
Le faire sans le dire, c'est sérieux, la démarche
honnête de celui qui veut comprendre et ne pas se faire bien
voir. C'est une pratique, c'est quelque chose qui se construit
intérieurement comme fruit d'un long travail, et qui ne se
manifeste pas forcément tel quel compréhensiblement
à l'oreille de n'importe qui qui écouterait hors contexte
un morceau des discours servant en pratique à transmettre,
à justifier et à développer les notions de la
science en question.
Le dire sans le faire, c'est la démarche malhonnête du
philosophe qui consacre tous ses efforts à se faire mousser
à l'oreille des élèves de terminale en
prétendant penser les sciences, éventuellement en
s'abusant
soi-même au passage.
«La
question qui nous est posée peut donc se formuler
ainsi : à quoi le philosophe reconnaît-il une fausse
science ?»
Présupposé: le philosophe peut reconnaître une
fausse science.
C'est bien gentil de vouloir le faire, mais en l'absence des
connaissances scientifiques, cette démarche risque d'être
déconnectée de toute réalité de ce que
peuvent effectivement être des exemples de fausse science.
Ou plutôt si: on peut facilement s'amuser à prendre des
exemples caricaturaux et évidents, pour lesquels on peut
facilement se donner l'impression de savoir faire. Alors certes on peut
trouver des critères à la portée d'un philosophe,
mais ça ne marche que sur les caricatures. Ce n'est pas
sérieux.
Il y eut un message que je ne peux pas retrouver dans le forum
fr.sci.physique, de quelqu'un qui disait qu'il peut très bien
expliquer les vraies raisons de telle démarche ou argument dans
sa branche, mais que quiconque non spécialiste du même
domaine sera à jamais incapable de distinguer ces vraies raisons
d'un pipo complet.
«Descartes,
dans la sixième partie du Discours de la
Méthode explique que quelqu'un sera dans la fausse science
lorsqu'il fera profession de savoir plus qu'on ne sait. Dans toute
fausse science, il y a une tromperie puisqu'on prétend savoir ce
qu'en réalité on ne sait pas avec certitude. C'est un
premier critère qu'il s'agit de développer.»
Sans vouloir critiquer Descartes (là n'est pas la question, je
m'attaque à votre raisonnement), je répondrais:
1) Votre critère n'est pas complet. Je connais un certain nombre
de cas de gens dont l'erreur consiste à faire profession de
savoir moins qu'on sait.
Elle consiste à dire: "ma théorie est valable, parce que
mon raisonnement me semble cohérent, au sens où je ne
vois aucune contradiction ni raison pour qu'il ne soit pas compatible
avec l'expérience qu'on connaît (ce raisonnement se
faisant dans l'ignorance de ce que sont effectivement les
expériences connues), et j'en conclus que mon idée peut
être vraie". Cela repose sur
l'ignorance de faits et de connaissances qui existent chez les
scientifiques du domaine, et dont la personne en question refuse
d'apprendre et de prendre en compte dans leur raisonnement, soit qui
réfute directement leurs dires, soit qui les relativise
(étant de poids mille fois plus fort) au point de les rendre
ridicules : il est nécessaire de connaître beaucoup de
choses pour remettre correctement chaque idée à sa place.
2) Votre critère n'avance à rien: même s'il arrive
de faire explicitement profession de savoir plus qu'on ne sait, en
pratique il arrive souvent que les a priori faux sur lesquels se basent
les erreurs sont soigneusement camouflés, au point que seul un
expert pourra prendre conscience
de leur existence en les identifiant.
«La
tromperie première de la fausse science est… qu'elle
promet de ne pas se tromper»
Très caricatural. Je ne vois pas ce qu'il y a de gênant de
toute manière à dire qu'on peut se tromper et qu'on reste
soumis à une éventuelle réfutation. D'abord, on
peut toujours commencer par se présenter en racontant que ce
qu'on dit a été maintes fois vérifié, et
que la certitude qu'on avance se base donc sur l'expérience.
Ensuite, à la prochaine réfutation, il y a toujours moyen
de s'en sortir, soit en
omettant simplement de mentionner la réfutation, soit en
expliquant que celle-là ne réfute rien parce qu'on peut
toujours la réinterpréter de telle ou telle
manière en cohérence avec la doctrine qu'on maintient.
Ceci gommant toute différence avec le cas où on on se
présente comme ne sachant pas et en inventant n'importe quoi au
fur et à mesure, comme les psychanalystes qui, ne
prétendant évidemment pas connaître leur patient au
départ, inventent les problèmes des patients au fur et
à mesure de l'expérience, pouvant donc aussi bien
reconnaître qu'ils se trompent localement pour mieux continuer
à inventer n'importe quoi pour s'adapter à tout. De
même la vérification des théories établies
repose souvent sur des données brutes qu'il faut beaucoup de
travail pour décortiquer, distinguant chaque artefact et autre
interférence pour parvenir à isoler le résultat
cherché.
Bien malin qui saura analyser les réflexes,
éventuellement inconscients, distinguer le vrai du faux et faire
des statistiques objectives.
«Quelqu'un
qui affirme "voilà la vérité,
cela est sûr et certain", est déjà
soupçonnable.»
Caricatural. Par exemple, pour moi comme pour bien d'autres physiciens
il est sûr et certain que l'antimatière est
gravitationnellement attractive avec elle-même et avec la
matière, quoi qu'en disent certains (je pense à une
dicussion lamentable sur le forum de futura-sciences, appuyé sur
les soi-disants articles d'un physicien du CEA prétendant
qu'autre chose serait possible ou concevable). Il y a aussi ma
certitude que la relativité d'échelle est du pipo,
certitude qui me sera reprochée comme non-scientifique.
Il y a aussi toutes les remises en question à deux balles de la
relativité restreinte... En toute rigueur absolue elle n'est pas
prouvée, en pratique les arguments en sa faveur sont bien trop
gros pour que dire que ça n'est pas prouvé puisse
être un propos sensé ayant la moindre portée. Trop
facile de remettre en question les évidences pour se donner un
air scientifique. On peut encore penser aux créationnistes qui
accusent l'évolution de n'être qu'une théorie qu'on
devrait toujours pouvoir remettre en question.
Beaucoup de bêtises se présentent comme des remises en
question de la science officielle, et présentent cette
dernière comme fermée à toute remise en question.
Quand on a une vraie raison d'affirmer quelque chose mais que cette
raison est trop complexe du point de vue de M tout le monde pour
pouvoir lui être expliquée, qu'il ne peut rien dire de
mieux que «c'est vrai parce que je le sais, que mes connaissances
le
prouvent, que des autres scientifiques le disent» et qu'on voit
que
celui qui prétend remettre en question ne peut le faire que
parce qu'il n'a rien compris, c'est le scientifique qui passe pour un
dogmatique qui ne veut pas réfléchir et n'a rien de mieux
à proposer que des arguments d'autorité, et
l'insensé pour avoir de l'esprit critique; il réclame du
premier des justifications rationnelles, lequel sait bien que cela n'en
vaut pas la peine et serait pure perte de temps parce que le
contestataire n'y pourra ni ne voudra rien y comprendre de toute
manière et continuera jours de dire en toutes circonstances que
ces justifications n'existent pas.
« En second lieu, la fausse science promet
plus que ce qu'elle
est capable de tenir. La promesse est en soi un critère.»
Critère uniquement mesurable a postériori. Tout ce qui
est scientifique commence par être une promesse dans l'esprit des
scientifiques avant de trouver une application pratique ou d'être
confirmé par l'expérience. C'est trop facile de constater
une fois le résultat pratique sorti, que les promesses ont
été ou non tenues. Les pseudo-sciences ne se
distinguent pas de ce point de vue de toute science prise avant de
trouver son application.
«Prédire
est une attitude de prophète et donc de
science fausse puisqu'on prédit toujours sans raison de le
faire. La prédiction a un caractère
mystérieux.»
On ne peut pas faire de chimie sans admettre des tonnes
d'approximations pour des raisons qu'on serait bien en peine de
justifier. Ces approximations, à défaut de justifications
parfaitement
rigoureuses (qu'on pourrait faire dans l'absolu mais qu'en pratique il
est raisonnable de ne pas tenter), ont un caractère
mystérieux.
Vous croyez vraiement que les tenants de fausses sciences ne sont pas
persuadés d'avoir des raisons de dire ce qu'ils disent, et
voient leurs propres propos comme mystérieux ?
«2)
Les fausses sciences stagnent.»
Je pense très fort qu'il doit y avoir des fausses sciences qui
continuent à évoluer. Par exemple le marxisme, mais
sûrement bien d'autres qui doivent changer de discours pour
s'adapter à l'air du temps.
A l'inverse, un théorème qui a été
prouvé reste vrai (et de plus, il n'est pas réfutable !).
On continue à enseigner la gravitation
de Newton parce qu'elle reste pertinente.
Toute fausse science a bien dû naître à un moment ou
un autre dans l'histoire de l'humanité. Alors elle ne stagnait
pas. La science actuelle stagnera dans 2000 ans dans la mesure
où la plupart de ce qu'il sera concevable d'apprendre pendant
une vie humaine aura été vu et revu, et on aura pris
l'habitude de constater que l'expérience ne contredit plus ses
prédictions, il n'y aura plus de raison de se le re-demander.
«Pour
les fausses sciences la vérité est dans le
passé et non dans le futur,»
Beaucoup de mystifications
s'énoncent «l'avenir montrera que».
«Ainsi
pour faire comprendre la théorie de la relativité,
l'exemple de l'observateur de Langevin transpose les résultats
de la physique à un niveau où elles n'ont plus de sens.
Si à bord de sa fusée lancée à une vitesse
proche de la lumière le jumeau de Langevin verrait effectivement
son temps se ralentir considérablement selon les principes
relativistes, ces derniers montrent aussi qu'une fusée voyageant
à une telle vitesse aurait une masse proche de l'infini. Il est
donc impossible de produire ce mouvement»
Mauvais exemple.
C'est une expérience de pensée, valable en tant que telle.
C'est dire «si on pouvait faire ça, voilà ce qu'on
observerait». Ce qui est rigoureusement vrai.
Encore faut-il avoir une idée de la logique
élémentaire.
Dire que A implique B, cela peut être rigoureusement vrai sans
que A soit vrai.
Ici, A implique B est une vérité absolue, tandis que la
non-réalisation de A n'est qu'un problème technique et
contingent. La difficulté peut se reformuler en
difficulté de faire des mesures de temps suffisamment
précises pour observer les efffets d'une vitesse donnée
à notre portée. Cette difficulté a
été surmontée depuis longtemps.
Le but de l'histoire du Langevin est de décrire un aspect de la
théorie de la relativité qui fait partie des lois de la
physique, ce qui est une description correcte. Ce n'est pas de raconter
l'histoire de l'humanité du siècle prochain. Il ne faut
pas confondre. Il n'y a que des
philosophes pour faire une telle confusion.
Pourquoi «considérablement» ?
Reprenons
Bon alors maintenant, que diriez-vous de reprendre tous ces beaux
critères de distinctions des fausses sciences et de les utiliser
pour évaluer dans quelle mesure la philosophie a les
caractères d'une fausse science lorsqu'elle s'érige en
juge sur ces questions et d'autres semblables ?
Allons-y:
Au nom de quoi la philosophie peut-elle se prononcer sur les autres
disciplines pour dire si elles sont scientifiques ?
" Il existe des disciplines qui prétendent à la
rationalité de la science" - "il est justement difficile de
reconnaître la fausse science"
A comparer à:
"le philosophe est habilité à parler de la science
puisqu'il réfléchit sur l'ensemble des sciences en
fonction de critères rationnels"
Parce qu'il sait mieux que le scientifique réfléchir en
fonction de critères rationnels peut-être ?
Une chose est sûre ici c'est que, de même qu'une
pseudo-science, la philosophie prétend à la
rationalité. Or puisqu'on en parle, c'est qu'il ne suffit pas de
prétendre à la rationalité pour pouvoir conclure
qu'on la pratique effectivement. Donc, au nom de quoi la croire ?
L'avantage du scientifique, c'est qu'au moins, sa rationnalité
est connue suffisamment clairement pour avoir peu de risque de se
tromper à son sujet. Le philosophe par contre a encore ses
preuves à faire.
Comparer
"
Jamais un savant, en tant que savant, ne nous dira ce qu'est la science"
(tandis que le philosphe se le permet), à
"
La tromperie première de la fausse science est… qu'elle promet
de ne pas se tromper. La science ne fait pas cette promesse. Elle admet
la possibilité de l'erreur et est prête à la
reconnaître lorsqu'elle survient"
Voilà donc, la différence entre la science et la
philosophie c'est que contrairement à la science, la philosophie
promet de ne pas se tromper dans sa définition de la science. En
effet je n'ai vu dans ce texte aucune remarque indiquant admettre la
possibilité d'une erreur de la philosophie dans sa
définition d'une fausse science. D'où l'on peut
déduire que la philosophie s'apparente bien à une fausse
science.
"la fausse science promet plus que ce qu'elle est capable de tenir." -
"La fausse science se caractérise par un projet gratuit."
Voilà encore un beau portrait de la philosophie.
"la science n'a pas à promettre car elle permet."
Bien dit.
"
2) Les fausses sciences stagnent."
La philosophie de même.
"elles se réfèrent à des textes et à des
pratiques anciens (pré scientifiques)."
La philosophie presque aussi. Elle n'a pas encore intégré
grand-chose des avancées de la science. Elle continue en grande
partie de se définir par références à des
textes anciens.
"L'expérience ne vient
jamais contredire ce qu'elle avait prédit car la fausse science
ne
reconnaît pas que l'expérience puisse contredire ses
prédictions."
Je n'ai pas vu beaucoup la philosophie s'annoncer prête à
considérer ses grandes idées comme réfutables par
l'expérience. Ainsi, du moins à l'époque où
j'étais au lycée, on ne considérait guère
l'expérience dévastatrice et totalitaire de l'Union
Soviétique comme un possible motif de rejet de la philosophie
marxiste.
"Ainsi l'astrologue énonce de préférence des
prédictions trop vagues pour qu'elles ne se réalisent pas"
Bien vagues également sont les prédictions du marxisme
qui planaient dans l'air de l'enseignement secondaire que j'ai
connu.
"De même, quand les
conditions sont réunies pour mettre en évidence leurs
erreurs, les
fausses sciences ne se rendent jamais à l'évidence des
faits mais
trouvent toujours une bonne raison pour se justifier."
De même pour le marxisme.
" L'astrologie n'a pas tenu compte de la révolution
copernicienne."
Ainsi la philosophie continue à se prendre pour la reine de la
pensée et à garder ses méthodes
pré-scientifiques longtemps après avoir été
largement dépassée par la science.
"Tout repose sur l'opinion en l'absence de preuve."
Ainsi la philosophie se contente essentiellement d'étaler la
liste des opinions des philosophes sans tellement envisager de se
donner les moyens de trancher.
"Les fausses sciences au contraire prétendent que le
résultat dépend de la personnalité de celui qui
officie,"
ainsi la philosophie dépend de la personalité du
philosophe étudié, et est variable d'un auteur à
l'autre, contrairement à la science qui énonce des
résultats valables indépendemment de tout auteur de
référence.
"Il ne faut même pas dire
que la fausse science serait une étape préscientifique
car elle
subsiste même lorsque la science est née."
Il en va de même pour les méthodes fallacieuses de la
philosophie.
Retour: opinions
Suite: Vanité
et sclérose de la philosophie
Voir aussi sur ce site les débuts des textes introduisant
à la relativité
restreinte et à la logique
mathématique, avec des paragraphes sur les questions:
qu'est-ce que la science mathématique, qu'est-ce que la
géométrie, qu'est-ce que la physique mathématique,
qu'est-ce que la logique mathematique.
Lien vers d'autres textes de philosophie plus sérieux que celui
cité ici:
Qu'est-ce
qu'une fausse science ?
La
Consistance rationnelle. Critique de la raison démarcative
(à propos de la démarcation entre les sciences et les
non-sciences)