Mais je constate que bien souvent, dans les discussions sur leur témoignage en particulier, nombre de chrétiens ont abandonné toute réflexion vivante authentique au profit d'une manie du copier-coller de passages bibliques, qui ne témoigne rien d'autre que le fait qu'ils n'ont plus aucune imagination et ne savent rien faire de mieux que de se faire le perroquet de la Bible et des autres chrétiens qui pensent comme eux. Ils pensent et vivent par personne ou livre interposé, ils vivent dans leurs fictions qui fonctionnent par leur répétition automatique et vide de sens. Il n'y a aucune vie en Dieu là-dedans, aucune spriritualité, bien au contraire. Rien qu'une poésie qui séduit par son rythme en se foutant pas mal de vouloir dire quelque chose ou pas. Ils ne vivent plus en eux-même, ils se réduisent à un écho, un haut-parleur, un répétiteur, ils ne sont que l'ombre d'eux-mêmes. Ils sont infiniment loin de Dieu, bien plus loin de Dieu que n'importe quel athée.
Pour ceux qui ne partageraient pas cet avis, je les mets au
défi de m'expliquer qu'est-ce qui, dans leur propre
témoignage ou dans celui de qui
ils veulent, leur indique précisément qu'il comporte une
véritable
rencontre avec Dieu et pas seulement du pipo, des mots en l'air et
du
sensationnel miraculeux à deux balles. Quels sont les
critères ou autres
manifestations par lesquels ils voient ça ?
Bien sûr, je ne demande pas une "preuve" en un sens formel et
réductionniste, comme certains m'accuseraient de demander en
m'accusant d'une sorte de matérialisme a priori. Mais je demande
un "témoignage" en un sens authentique et spirituel, à
savoir une véritable indication qu'il s'est passé quelque
chose de profond, même si bien sûr on ne peut pas
définir
rigoureusement ce dont il s'agit. Pour préciser ma question, je
me réfèrerais aux différents témoignages de
NDE, dans lesquels certains témoins rencontrent une
lumière d'amour d'une intensité fantastique. Là au
moins, il apparaît que ces témoignages ont un contenu,
alors même que ce contenu ne peut pas pleinement s'exprimer dans
nos mots humains. Faute de pouvoir exprimer pleinement ce qu'ils
ont
vécu, les témoins arrivent à en dire quelque
chose, un vague aperçu. Y compris, le fait qu'ils n'ont pas de
mots suffisants pour exprimer ce qu'ils ont vécu. Ce qui, faute
d'exprimer effectivement le contenu réel de ce
témoignage, a au moins le mérite d'exprimer l'existence
d'un contenu qu'ils n'arrivent pas à exprimer, ce qui est
déjà quelque chose. Et, le peu qu'ils arrivent à
en dire, faute de nous transmettre leur expérience, nous permet
du moins d'en avoir une petite idée, et cette petite idée
nous raconte qu'il s'est passé quelque chose d'extrêment
grand et de fantastique. Ils n'emploient pas l'expression
"rencontrer
Dieu" car ces mots leur paraissent dérisoires ou
inappropriés. Ils cherchent à exprimer leur vécu
plus précisément, quitte à ne pas y arriver. Et
cela a bouleversé leur vie, qu'ils se mettent à voir
autrement. Et cela risque de les plonger dans une forme
d'isolement et
une difficulté à se réadapter à la vie, car
ils ont découvert qu'il y a une autre vie que notre vie actuelle
et qui remet en question les préoccupations quotidiennes, et que
la plupart des autres humains ne connaissent pas. Et ils ont peine
à raconter ce qu'ils ont vécu, étant
confrontés à cette difficulté d'expression. Cette
difficulté peut engendrer une frustration dans les relations
à autrui. Mais les autres ne sont nullement reprochables ni
reprochés de cette incompréhension. Néanmoins ces
témoins
arrivent généralement à compenser cela par une
nouvelle manière d'être, une manière d'aimer sans
chercher à exprimer ce qui honnêtement et
profondément est inexprimable, et cette manière
d'être est ce qui finalement leur sert de moyen d'expression de
leur vécu au-delà des mots.
Car, qu'ai-je vu passer jusqu'a présent ?
Quand on entend ou lit des "témoignages" chrétiens de
rencontres avec Dieu, il peut certes y en avoir qui sont
intéressants, réjouissants, remarquables. Des gens qui
auparavant souffraient d'orgueil, d'un mauvais caractère, d'une
mauvaise vie, et puis qui un jour ont été changes. Et
alors ?
"c'est la lumière de Dieu dans leur vie qui leur a
révélé, qui leur a montré qu'ils avaient en
eux mêmes cette puissance d'héridité depuis la
chute"
Il y a des gens qui souffrent d'un mauvais caractère dont ils
ont du mal à se débarrasser effectivement. Voir sur ce
point les commentaires ci-dessous.
Il y en a d'autres (ou les mêmes) qui, confrontés à
l'expérience de la vie, seraient sur le point de réaliser
l'évidence que la Bible est un noeud d'absurdités
insoutenables, et qui ont un mal de chien à nier
cette évidence et à fermer les yeux dessus afin de garder
leur foi. Dans les deux cas, pas besoin d'être Dieu
pour comprendre les causes, la mesure et la difficulté de la
lutte "spirituelle" qu'ils mènent, sauf du point de vue de la
personne concernée qui peut se sentir dépassée par
les
évènements effectivement. En tout cas, je trouve ce Dieu
bien petit dans ses "révélations spirituelles".
Autrement dit:
"c'est si simple !!! mettons la
parole de Dieu en pratique et nous verrons si à
l'intérieur de nous même,
il y a pas un combat, quand on est pas
régénérés bien sur"
C'est ça, avalons et pratiquons les absurdités bibliques
sans réfléchir et nous
verrons si à l'intérieur de nous-même on ne sentira
pas quelque chose qui
cloche, quand on est pas encore réduit par cette doctrine et les
esprits qui planent dans les airs à l'état d'abruti fini
bien sûr.
Un problème important est la tentation à laquelle
succombent beaucoup
de gens mais plus particulièrement les chrétiens, de
prendre leur cas pour
une généralité. Si des gens étaient
autrefois
mauvais, orgueilleux et révoltés contre Dieu et contre
tout,
puis qui se sont convertis et ont été guéris de
certains travers, puis qui voient d'autres personnes critiquer
sévèrement leur foi, ils risquent facilement de
s'imaginer connaître cela et l'avoir vécu, mais cela est
faux.
Effectivement cette critique sévère peut avoir une
certaine ressemblance superficielle avec leur situation
d'autrefois, et
ils font le rapprochement parce que c'est ce qui dans leur
expérience a l'air de ressembler le plus à cette
attitude. Mais en réalité ça n'a rien à
voir.
Pour expliquer encore:
un aspect de ce que j'aurais à dire des fameux
témoignages chrétiens qui changent la vie se trouve
"comme par hasard" exprimé dans les Evangiles (qui ne
sont pas une référence pour moi, juste un moyen
d'exprimer mon
idée). En effet, il y est écrit: ce ne sont pas les gens
bien portant qui
ont besoin de médecins, mais les malades. (Jésus) n'est
pas venu appeler
les justes, mais les pécheurs (Mt 9.9-13; Mc 2.13-17; Lc
5.27-32).
Effectivement ils ont pu être "malades" d'orgueil et de mauvais
caractère. Et le
christianisme a été un remède efficace à ce
mal, sans doute le remède le
plus efficace dont on pouvait disposer dans le contexte du monde
actuel.
Mais un remède n'est pas une nourriture, et il n'est un bien que
face à
une maladie.
Or, la maladie étant ici l'orgueil et le mauvais
caractère, elle a la
particularité de refuser son propre diagnostic et donc de
refuser la
guérison. Face à cela, il serait contre-productif de dire
la vérité, à savoir que
cette maladie n'affecte pas tout le monde, ni tous les hommes de
manière
égale. S'il s'agissait d'évaluer la maladie par des
mesures honnêtement
humaines, l'orgueil répondrait: moi aussi j'ai droit à la
parole, moi
aussi je sais, et je conteste le diagnostic que d'autres hommes
m'adressent. L'orgueil dirait: puisque tout le monde n'est pas
orgueilleux, eh bien ça n'arrive qu'à d'autres, et moi
non plus je ne suis
pas orgueilleux.
Pour que l'orgueil puisse s'avouer et se guérir, il
s'avère en pratique
très utile de lui asséner des mensonges salvateurs, en
prétendant que oui
tu es orgueilleux et mauvais parce que c'est Dieu qui le dit, et
que
tout
le monde est aussi mauvais et donc tu ne peux pas être une
exception. Il faut lui
faire croire que c'est grave, en agitant la menace de l'enfer,
jusqu'à ce qu'il cède.
Ensuite, il peut y avoir le témoignage d'une joie profonde lors
de cette libération. Je comprends que la guérison de ce
mal puisse grandement soulager, et
qu'elle ait paru surnaturelle pour ces gens, relativement à
l'incapacité de
s'en délivrer à laquelle ils étaient soumis. En
effet, ce qui est hors
de portée des efforts d'une personne et que finalement elle
atteint de
manière inespérée peut lui sembler une chose
surnaturelle, surhumaine.
Mais c'est seulement une chose surhumaine pour elle,
relativement à sa
vie passée. Cela ne prouve pas que cela soit surnaturel ou
surhumain dans
l'absolu, et il est tout-à-fait possible que ce soit des choses
naturelles
pour d'autres, y compris des non-chrétiens, des gens qui n'ont
pas entendu
parler de l'Evangile ou qui le rejettent, y compris des athées.
Quant à moi, je me suis assez repenti quand j'étais
chrétien, mon orgueil
a été suffisamment brisé en sorte que je n'ai plus
besoin de ce remède de cheval. J'ai acquis une bonne
expérience de discernement
de la réalité, et même s'il peut encore m'arriver
de commettre quelques
erreurs et de m'emporter dans certaines discussions en allant
droit au
but
de la vérité oubliant la politesse et autres
égards pour la difficulté que
les autres ont de la rejoindre, dans l'ensemble je ne commets plus
d'erreur majeure, sinon qu'on me le dise j'en suis curieux, mais
cela
n'arrive pas.
D'autre part, il y a des chrétiens qui disent que le christianisme n'est pas une religion mais une relation à Dieu. Prétention vide de sens, comme n'importe quelle religion peut prétendre exactement la même chose pour les mêmes raisons. Cette manière de mépriser ceux qui ne pensent pas exactement la même chose en les traitant de "religieux" par opposion à soi-même qui aurait le monopole de la vraie relation à Dieu est une autre occurence de ce que j'ai expliqué ici. Ces gens se fourrent le doigt dans l'oeil en croyant que ce Jésus avec qui ils prétendent avoir une relation serait autre chose qu'une doctrine religieuse. Je dis cela tel que je le vois clairement. Je sais que les chrétiens sont allergiques à cette assimilation, ils croient qu'il y a une distinction fondamentale. Mais j'ai examiné les choses et je témoigne qu'il n'y a pas de differénce, que leur distinction est vide de sens, l'idée d'un plus n'est qu'une vaine prétention et une supposition qu'ils ont dans la tête, un faux concept qui leur sert de jocker magique, une manière pratique de dénigrer leurs contradicteurs (accusés de critiquer seulement la religion sans accéder au fond du problème qui serait ce Christ qu'ils ne connaissent pas) ainsi que leurs frères chrétiens qui ne rentrent pas dans leur conception personnelle de la vie avec le Christ. C'est là encore une savante technique de malhonnêteté intellectuelle propre au christianisme évangélique. Une prétention de parler de quelque chose qui soit leur secret hors d'atteinte du dialogue critique, pour se placer au-dessus des autres, se laver les mains gratuitement de tous leurs travers et rendre jaloux leurs voisins. Mais si on commence à se demander ce que ça veut dire exactement, c'est du vide. La preuve, tout ce que ces fous du Christ en racontent ne décolle pas de la même platitude et banalité. Rien qu'un baratin prétendant qu'ils ont quelque chose d'unique en entrée, mais en sortie ils n'en tirent aucune oeuvre ni aucune idée originale qui en témoigne, que leurs vaines proclamations. Comme il est écrit: vous jugerez les arbres à leurs fruits. J'ai regardé les fruits du christianisme, et je les ai trouvés faibles voire négatifs sous certains aspects. Je parle des fruits de ceux qui se revendiquent de leur "rencontre réelle avec le Christ par opposition au christianisme" évidemment.
En conclusion: la conversion, accompagnée
éventuellement de ce qui apparaît comme une rencontre
personnelle avec Dieu
plus ou moins profonde, quelle que soit sa profondeur réelle
ou au contraire illusoire mais portant néanmoins le
mérite
de constituer un jaillissement de ferveur et de bonne volonté
dans
une perspective plus vaste que le quotidien personnel, peut être
une
expérience spirituelle merveilleuse, ce n'est pas moi qui dirai
le contraire.
Il est d'autant plus primordial de veiller à ne pas l'asservir
à une idéologie rétrograde comme celle de
l'Evangile.