L’université Pierre et Marie Curie classée parmi les meilleures d’Europe, est très réputée pour son immense campus, pour son nombre d’étudiants et pour beaucoup d’autres choses :
« 4 000 chercheurs, 161 laboratoires de recherche, 30 000 étudiants (22 000 en sciences, 8 000 en médecine), 250 contrats de recherche signés en 2000, plus de 10 start-up nées sous l'impulsion de ses chercheurs, 52 brevets détenus en pleine propriété et 19 en copropriété, 17 dépôts de logiciels et un portefeuille de 32 licences... ces chiffres éloquents illustrent l'actualité de l'Université Paris VI.
Principale
héritière de la Faculté des Sciences en
Sorbonne, située au coeur du quartier Latin, l'Université
Pierre et Marie Curie est en effet reconnue dans le monde entier
pour ses activités de haut niveau, tant dans le domaine de la
recherche que celui de la formation. »
(http://www.gazettelabo.fr/2002archives/publics/2002/64UPMC.htm)
En effet, ce texte laisserait à penser que les chiffres parlent d’eux-mêmes, mais que se passe-t-il vraiment à l’intérieur de cette université ? Qu’en est-il des enseignements dispensés en amphi et en TD ? Que dire des travaux pratiques ? Qu’en est-il de certains professeurs ?
Inscrit à l’université en début d’année dans la mention appelée « physique » en L3, je ne suis, aujourd’hui, qu’un de ses anciens étudiants…
Après avoir assisté à certains cours magistraux durant ma première année, j’ai rapidement remarqué que les cours de mathématiques et de physique subissaient des discontinuités. Afin de me persuader de ces discontinuités j’avais donc décidé de commencer l’étude de certains livres recouvrant le programme.
J’ai donc fourni un travail important afin de combler ces trous qui demandaient de longues heures devant ces livres…..Cependant un problème apparut très rapidement : l’arrivée des contrôles continus qui étaient basés sur le contenu du cours d’amphi.
Un chapitre du cours d’amphi de 10 pages équivalait à 30 pages du livre, ce qui entraînait le fait que je terminais le cours de mon livre de justesse avant le contrôle et donc un manque d’exercices (manque de méthodes) et une note très moyenne (10 à 12).
Au départ je ne comprenais pas pourquoi j’avais des « mauvaises notes », mais plusieurs discussions avec ceux qu’appellent les étudiants « les têtes du TD » (c'est-à-dire ceux qui ont les meilleures notes) mon tout de suite fait voir un autre problème…
En effet l’école, le collège, le lycée (jusqu'à la 1ere S) m’avaient laissé supposer l’équivalence suivante : Bonnes notes ⇔ Bons élèves.
Mais au juste que veut dire « Bons élèves » ? Dans ce texte nous appellerons «bons élèves » les élèves (ou étudiants) capables d’expliquer convenablement à d’autres élèves ce que le professeur a expliqué.
Bien sûr nous supposons que le professeur a très bien expliqué les choses...
Voilà pour 98% des cas ce qu’est la discussion :
Moi : « Excuse moi tu pourrais m’expliquer comment tu fais pour avoir des bonnes notes »
Une des têtes du TD : « Ba, c’est facile t’apprends les formules par c½ur et tu refais les TDs et beaucoup d’exercices »
Moi : «Mais tu as le temps de bien comprendre le cours ?»
Une des têtes du TD : « Tfaçon, ça sert à rien le cours, les formules et le TD ça suffit »
Moi : « Mais ça te dérange pas d’appliquer sans comprendre ?»
Une des têtes du TD : « Les démos ça sert à rien, Cqui compte c’est les notes »
…………………………………………. !!!
Nous allons essayer de montrer comment les notes peuvent être le fruit de la recette « Formules +TD +exo ».
Considérons un élève ayant fait une trentaine d’exercices et refait sont TD afin de simplement comprendre comment utiliser ces formules.
Apres diverses recherches, j’ai remarqué que les contrôles sont en général des exercices pris des livres et qu’aujourd’hui les livres se ressemblent beaucoup… (C’est un autre problème), parfois même les examens semestriels contiennent des passages du TD !!!
Avec de faibles notions de probabilité, il est simple de voir qu’un étudiant peut tomber sur un, voire deux exercices qu’il a déjà fait et il ne reste plus qu’à résoudre les derniers exercices avec les « formules » à présent bien « maîtrisées ».
Mais qu’en est-il de l’étudiant qui vient de finir son cours (plus long, car complet et donc sans coupes) ? Malgré sa bonne compréhension du cours et sachant qu’il n’a fait aucun ou peu d’exercices (a cause du cours plus long) il ne pourra résoudre que peu d’exercices pour son manque de méthode et aura donc une note plus faible.
Il faut bien sur préciser, que la majorité des contrôles continus et des examens ne comportent aucune démonstrations……… et ne permettent donc pas de contrôler la compréhension du cour par l’étudiant.
Je crois que nous serions étonnés d’entendre la réponse à cette question posée à des étudiants à la fin de l’année après avoir terminé le cours de mécanique des solides :Qu’est ce qu’un torseur ?..........Je vous épargne les réponses.
Parallèlement à ceci, des séances de TP sont obligatoires pour les étudiants, et notées. Cette année 20 TPs pour le premier semestre. Les TPs n’on aucun intérêt si il ne sont pas préparés à l’avance. Il faut donc fournir du temps en plus pour préparer les TPs, ce qui est normal lorsqu’on est étudiant, mais ce qui n’est pas normal c’est de fournir encore un temps supplémentaire pour aller rechercher les explications détaillées des théories étudiés en TP, pour la simple raison qu’en général les fascicules sont des formulaires.
Mais le pire est que les TPs vus au premier semestre seront expliqués théoriquement au second semestre……. « C'est bien beau de tourner des boutons et prendre des valeurs durant 20*4 heures sans comprendre réellement ce qu’on fait »
On peut conclure alors la chose suivante :
Les Bons élèves ne sont pas forcément
ceux qui ont les meilleures notes, et l’équivalence mentionnée plus
haut est alors totalement fausse.
Je voudrais raconter aussi cette anecdote :
Dans un couloir, après les résultats des examens de fin d’année, je discutais avec un de mes professeurs à propos du contenu des examens :
« Monsieur, comment se fait-il qu’il n’y ai pas de
démonstrations dans l’examen ?»
« Quelle démonstration auriez vous voulu que je mette ?
« Bah, une de mes préférées disons, Montrer la loi des gaz
parfaits
PV=nRt »
Et le professeur d’un rire moqueur :
« Mais vous voulez rire ? Vous voulez que tous les étudiants
se cassent la figure ! »
C’est là un des maillons importants de cette université pour sa réputation : des contrôles adaptés aux étudiants qui mèneront forcement à de « bonnes notes ».
Attention je voudrais tout de même rappeler que je parle ici d’une
majorité d’examens, car il existe de rares matières où certains
professeurs posent tout de même des démonstrations dans les
examens…….et là les résultats ne sont plus les mêmes.
Pour clôturer cette partie je voudrais parler de certains professeurs de TD et de TP de la mention « physique ».
Durant un TP sur la diffusion de la chaleur, le professeur en expliquant la démarche qui sera faite au tableau écrivit certains calculs dont un m’avait surpris :
« Madame, je ne comprends pas comment vous pouvez écrire que la constante de temps est égale a R *C*…..alors que la multiplication ne donne pas le résulat que vous avez écrit »
Le professeur en observant le tableau s’exclama :
« Oui, en effet il y a une erreur quelque part » et une petite minute après « Bon je suis désolé mais je ne sais plus comment on arrive au résultat, vous n’avez qu’à effacer le résultat intermédiaire et garder le résultat final car j’en suis sûr ».
Une petite heure après en détaillant d’autres calculs pour la suite :
« Madame, excusez moi-mais la relation ….. Ne m’est pas évidente, d’où vient elle ? »
Apres un temps de latence
«Euh, attendez je vais chercher »
Comment peut on écrire des résultats sans connaître leurs démonstrations et prétendre qu’on enseigne la physique ?
D’autres
anecdotes analogues à celles-ci en TD pourraient être
écrites sur des dizaines et des dizaines de pages.
Par exemple une qui m’est restée gravée dans l’esprit et j’en prends à
témoin les étudiants du groupe de TD dans lequel j’étais :
Le professeur d’électromagnétisme demanda du scotch au début du TD
afin de coller une feuille au bord du tableau : C’était le corrigé
du TD du jour…… il commença alors à recopier la feuille en
répétant à l’oral ce qu’il écrivait ……mais le pire arriva, une
question d’un étudiant.
Voici la réponse du professeur :
« Euh, (quelques secondes s’écoulèrent) recopiez le TD et je
vous l’expliquerai à la prochaine séance …… »
Une des causes qui est à l’origine de tout ceci est l’irréalisme des programmes enseignés, qui entraîne donc ceux qui veulent réussir à faire les « automathes » afin d’obtenir leurs notes et leurs diplômes.
En outre la pratique du contrôle continu est aussi une pression supplémentaire interdisant l’étudiant à réfléchir posément et longuement..
Il faut rajouter à cela le fait que tout étudiant veut obtenir son diplôme à n’importe quel prix (pression familiale), même s’il doit admettre tout ce qu’on lui dit.
Voici un schéma qui résume assez bien la situation :
Travail←Diplôme←Notes← Recette magique « Formules +TD+exo »
Mais où est la physique dans tous ça ?
J’ai parlé de l’enseignement des mathématiques en première année, mais en L2 et en L3 ce n’est plus des mathématiques qui sont enseignées mais des « mathématiques pour physiciens » et après le L3 il n’y a plus aucune matière faisant référence aux mathématiques…. Comment demander à un étudiant de comprendre la mécanique statistique alors qu’il n’a jamais fait de statistique ? Comment avoir une compréhension totale d’un cours de physique sans mathématiques ? C’est un peu comme essayer de cueillir les fruits d’un arbre alors que son tronc n’est toujours pas présent (c’est impossible).
En une phrase, on a fait de la physique une vraie cuisine !
Les conséquences sont alors catastrophiques : Il ne reste de la physique chez ceux qu’ils appellent les futurs physiciens que la forme (formule) et non le fond (raisonnements et preuves).
Que faire, face à une situation pareille où les étudiants ont choisi leur voie : avoir des bonnes notes ?
C’est un peu une équation sans aucune solution, un cercle solidement fermé.
Il ne reste plus qu’à quitter ce système où on n’enseigne plus la physique depuis plusieurs années.
L’université
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La Physique